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ment, le temps qu’ils mettraient à gagner les bords de la Saône, et on peut dès lors supposer qu’au moment où il se rendit en Italie, il espéra en ramener son armée assez vite pour les prévenir au passage de cette rivière.

Il établit son camp près du confluent du Rhône et de la Saône, sur les hauteurs de Sathonay ; de là il pouvait également manœuvrer sur les deux rives de la Saône, tomber sur le flanc des Helvètes en marche vers cette rivière, ou les empêcher, s’ils la traversaient, de se rendre par la vallée du Rhône dans la Province romaine. C’est probablement sur ce point que Labienus le rejoignit avec les troupes qui lui avaient été laissées, ce qui portait à six le nombre de ses légions. Sa cavalerie, composée en grande partie d’Éduens et d’hommes levés dans la Province romaine, s’élevait à 4 000 hommes[1]. Pendant ce temps, les Helvètes ravageaient les terres des Ambarres, celles des Éduens et celles que les Allobroges possédaient sur la rive droite du

    en moyenne. On est ainsi conduit à ajouter aux 6 000 voitures de provisions 2 500 autres voitures environ pour les bagages, ce qui fait un total de 8 500 voitures, traînées par 34 000 bêtes de trait. Nous disons bêtes et non chevaux de trait, une partie au moins des attelages se composant, sans nul doute, de bœufs, dont le nombre diminuait de jour en jour, car les émigrants devaient utiliser la chair de ces animaux pour leur propre alimentation.

    Une telle colonne de 8 500 voitures, supposées marchant à la file, voiture par voiture, sur une seule route, ne pouvait pas occuper moins de trente-deux lieues de longueur, si l’on compte 15 mètres par voiture. Cette remarque explique quelles énormes difficultés rencontra l’émigration, et la lenteur de ses mouvements ; on ne doit pas dès lors s’étonner des vingt jours qu’il fallut aux trois quarts de la colonne pour franchir la Saône.

    Nous n’avons compris aucun approvisionnement de grains pour les bêtes de trait ou de somme des émigrants ; il est cependant difficile de croire que les Helvètes, si prévoyants pour leurs propres besoins, aient négligé de pourvoir à ceux de leurs attelages, et qu’ils aient exclusivement compté pour les nourrir sur les fourrages qu’ils trouveraient en route.

  1. « Les Éduens rendaient les plus grands services à César ; quartiers d’hiver, provisions, fabriques d’armes, cavalerie et fantassins, il trouvait tout chez eux. » (Eumène, Panégyrique de Constantin, iii).