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Les druides étaient exempts du service militaire et de l’impôt[1]. Ces privilèges leur attiraient beaucoup de disciples, dont le noviciat, qui durait quelquefois vingt ans, consistait à apprendre par cœur un grand nombre de vers renfermant leurs préceptes religieux. Il était interdit de les transcrire. Cette coutume avait le double but d’empêcher la divulgation de leur doctrine et d’exercer la mémoire. Leur dogme principal était l’immortalité de l’âme et sa transmigration dans d’autres corps. Une croyance qui bannit la crainte de la mort leur paraissait propre à exciter le courage. Ils expliquaient aussi le mouvement des astres, la grandeur de l’univers, les lois de la nature et l’omnipotence des dieux immortels. « On conçoit, dit l’éminent auteur de l’Histoire des Gaulois, quel despotisme devait exercer sur une nation superstitieuse cette caste d’hommes dépositaires de tout savoir, auteurs et interprètes de toute loi divine et humaine, rémunérateurs, juges et bourreaux[2]. »

Les chevaliers, lorsque le besoin de la guerre l’exigeait, et cela arrivait presque annuellement, étaient tous tenus de prendre les armes ; chacun, suivant sa naissance et sa fortune, se faisait accompagner par un plus ou moins grand nombre de serviteurs et de clients. Ceux qu’on appelait

  1. Voici ce que dit Ammien Marcellin (XV, ix) des anciens druides : « Les hommes de ce pays (la Gaule), s’étant peu à peu policés, firent fleurir les études utiles que les bardes, les euhages (prophètes) et les druides avaient commencé à cultiver. Les bardes chantèrent en vers héroïques, au son de leurs lyres, les hauts faits des hommes. Les euhages tâchèrent, par la méditation, d’expliquer l’ordre et les merveilles de la nature. Au milieu de ceux-ci se distinguaient les druides, qui, réunis en société, s’occupaient de questions profondes et sublimes, s’élevaient au-dessus des choses humaines et soutenaient l’immortalité de l’âme. » Ces détails, qu’Ammien Marcellin emprunte à l’historien grec Timagène, contemporain de César, et à d’autres auteurs, montrent également que la caste sacerdotale comprenait trois classes : 1° les bardes ; 2° les prophètes ; 3° les druides proprement dits.
  2. Amédée Thierry, II, i.