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sition formelle d’élire Pompée dictateur. Caton s’éleva énergiquement contre cette motion intempestive. Plusieurs amis de Pompée crurent utile de le justifier en affirmant qu’il n’avait jamais demandé ni désiré la dictature. Les reproches de Caton n’en avaient pas moins produit leur effet, et, pour couper court aux soupçons, Pompée permit la tenue des comices consulaires[1]. En effet, il n’avait jamais le courage de son ambition, et, « quoiqu’il affectât dans ses discours, dit Plutarque, de refuser le pouvoir absolu, toutes ses actions tendaient à y parvenir[2]. »

Les comices s’ouvrirent au mois de sextilis de l’année 701 ; les consuls nommés furent Cn. Domitius Calvinus et M. Valerius Messala. Le premier avait été mis en accusation, ainsi que nous l’avons vu plus haut ; mais les préoccupations du moment avaient fait traîner son jugement en longueur ; on ignore s’il fut acquitté, ou si toute action judiciaire ne fut pas paralysée à cause de l’absence de magistrats pendant les premiers mois de l’année 701. D’ailleurs, Calvinus était protégé par Pompée, et son collègue, Messala, était favorisé par César, à la recommandation de Cicéron.


Expédition de Crassus contre les Parthes et sa mort.

IV. Crassus était parti pour la Syrie depuis environ dix-huit mois, plein d’ambitieuses espérances et se flattant de réaliser d’immenses conquêtes. Il voulait non-seulement soumettre les Parthes, mais même renouveler les campagnes d’Alexandre, pénétrer dans la Bactriane et arriver jusqu’aux Indes ; malheureusement il n’était pas à la hauteur d’une semblable tâche. Oubliant les premières règles d’un général en chef, qui consistent à ne jamais mépriser ses ennemis et à mettre de son côté toutes les chances de succès, il n’avait aucun souci de l’armée qu’il allait combattre, ne s’était

  1. Plutarque, Pompée, lvii.
  2. Plutarque, César, xxxi.