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que de nombreux symptômes révélaient à Rome comme dans les provinces. Cicéron lui-même, l’événement suivant le prouve, faisait bon marché de la légalité, quand elle gênait ses affections ou ses opinions politiques.


Rétablissement de Ptolémée en Égypte.

IV. L’oracle sibyllin, on s’en souvient, avait défendu de recourir aux armes pour faire rentrer dans ses États Ptolémée, roi d’Égypte. Malgré cette défense, Cicéron, dès l’année 698, avait engagé P. Lentulus, proconsul en Cilicie et en Chypre, à le réintégrer par la force, et, pour encourager cette entreprise, il lui avait fait entrevoir l’impunité dans le succès, sans lui cacher toutefois qu’en cas de revers la question légale et la question religieuse se produiraient menaçantes[1]. Lentulus avait cru plus prudent de s’abstenir ; mais Gabinius, proconsul en Syrie l’année suivante, ne s’était pas montré aussi scrupuleux. Acheté par le roi, disent les uns, ayant, disent les autres, reçu des ordres de Pompée, ce qui est plus probable, il avait laissé en Syrie son fils avec quelques troupes, et s’était dirigé avec ses légions vers l’Égypte.

Après avoir, en passant, rançonné la Judée et envoyé prisonnier à Rome le roi Aristobule, il traversa le désert et arriva devant Péluse. Un certain Archelaüs, qui était regardé comme bon général et qui avait fait la guerre sous Mithridate, était détenu en Syrie. Gabinius, informé que la reine Bérénice désirait le placer à la tête de son armée, et qu’elle offrait une forte somme pour sa rançon, s’empressa de le mettre en liberté, montrant par là autant d’avidité pour les richesses que de mépris pour les Égyptiens. Il les battit en plusieurs rencontres, tua Archelaüs, et entra dans Alexandrie, où il rétablit sur le trône Ptolémée, qui lui donna, dit-on, 10 000 talents[2]. Dans cette expédition, Marc-

  1. Cicéron, Lettres familières, I, vii.
  2. Dion-Cassius, XXXIX, lvi, lvii, lviii. — Schol. Bob. Pro Plancio, 271.