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nouvelle charge n’apaisa pas les impatiences de la multitude. Clodius cherchait à persuader au peuple que la disette était factice, et que le sénat l’avait fait naître pour avoir un prétexte de rendre Pompée le maître de toutes choses[1]. Il ne laissait échapper aucune occasion de susciter des troubles.

Quoiqu’on eût donné à Cicéron plus de deux millions de sesterces[2] d’indemnité, et décidé que sa maison serait rebâtie à la même place, Clodius, qui voulait empêcher cette réédification, en vint plusieurs fois aux mains avec Milon, dans des luttes semblables à des combats en règle, leurs adhérents portant des boucliers et des épées. Chaque jour voyait une émeute dans les rues. Milon jurait de tuer Clodius, et Cicéron avouait plus tard que la victime et le bras qui devait frapper étaient désignés d’avance[3].


Fêtes à l’occasion des victoires de César.

IV. Ce fut vers la fin de l’année 697 que parvint à Rome la nouvelle des succès prodigieux de César contre les Belges ; ils y excitèrent le plus vif enthousiasme. Dès que le sénat en fut informé, il vota, pour les célébrer, quinze jours d’actions de grâces[4]. Ce nombre de jours n’avait encore été accordé à personne. Marius en avait obtenu cinq, et Pompée, vainqueur de Mithridate, dix seulement. Le décret du sénat fut rédigé en termes plus flatteurs

    amplifiée encore par C. Messius, tribun du peuple, qui demandait pour Pompée une flotte, une armée et l’autorisation de disposer des finances.

  1. Plutarque, Pompée, lii. — Cicéron, Discours pour sa maison, x.
  2. Lettres à Atticus, IV, ii.
  3. « J’ajouterai que, dans l’opinion publique, Clodius est regardé comme une victime réservée à Milon. » (Cicéron, Sur la réponse des aruspices, iii). — Ce discours sur la réponse des aruspices est de mai, juin ou juillet 698. Voyez aussi ce qu’il dit dans sa lettre à Atticus, de novembre 697 (Lettres à Atticus, IV, iii.)
  4. Plutarque, César, xxiii. — Guerre des Gaules, II, xxxv.