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Pompée consulte César sur le retour de Cicéron.

VI. Dans ces circonstances, l’opinion de César était d’un grand poids. Pompée lui écrivit pour le consulter[1], et P. Sextus, un des nouveaux tribuns désignés, se rendit dans les Gaules pour connaître ses dispositions[2]. Il paraît certain qu’elles furent favorables[3], car, dès les calendes de juin 696, deux mois à peine depuis le décret qui avait frappé Cicéron, un tribun du peuple, L. Ninnius, demanda son rappel dans le sénat. Cette proposition allait être adoptée, quand un autre tribun du peuple, Ælius Ligus, intercéda[4]. Le sénat, irrité, déclara qu’il ne prendrait en considération aucune affaire politique ou administrative avant d’avoir statué sur le retour de Cicéron[5]. On juge par là combien l’assemblée avait à cœur le succès de cette mesure, et combien, en la soutenant, Pompée flattait les sentiments de la majorité.


Pompée se croit menacé par un esclave de Clodius.

VII. Un incident singulier acheva de le rapprocher du sénat : le 3 des ides de sextilis (5 août), un esclave de Clodius laissa tomber un poignard sur le passage de Pompée, qui

  1. « Pompée va enfin s’occuper de mon rappel ; il n’attendait qu’une lettre de César pour en faire faire la proposition par un homme à lui. » (Cicéron, Lettres à Atticus, III, xviii). — « Si César m’a abandonné, s’il s’est joint à mes ennemis, il a manqué à l’amitié, et m’a fait tort ; j’ai dû être son ennemi, je ne le nie pas ; mais si César s’est intéressé à mon rétablissement, s’il est vrai que vous ayez pensé qu’il était important pour moi que César ne fût pas contraire, etc… » (Discours sur les provinces consulaires, xviii).
  2. « C’est alors que P. Sextius, tribun désigné, se rendit auprès de César pour l’intéresser à mon retour. Je dis seulement que, si César fut bien intentionné pour moi, et je le crois, ces démarches n’ajoutaient rien à ses bonnes dispositions. Il pensait (Sextius) que, si l’on voulait rétablir la concorde entre les citoyens et décider mon rappel, il fallait s’assurer du consentement de César. » (Cicéron, Pour Sextius, xxxiii).
  3. « Pompée prit mon frère à témoin que tout ce qu’il avait fait pour moi, il l’avait fait par la volonté de César. » (Cicéron, Lettres familières, I, ix).
  4. Cicéron, Pour Sextius, xxxi et suiv.
  5. Cicéron, Pour Sextius, xxxi.