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plades sous leur dépendance. Il pourvut aux approvisionnements, choisit pour le camp une position favorable, et enjoignit aux Ubiens de transporter dans les oppidums leurs troupeaux et leurs biens, espérant contraindre par la disette les barbares à combattre dans de mauvaises conditions. Les Ubiens furent également chargés de surveiller l’ennemi par de nombreux éclaireurs. Quelques jours plus tard, ils informèrent César que les Suèves, à l’approche des Romains, s’étaient retirés, avec toutes leurs troupes et celles de leurs alliés, à l’extrémité de leur territoire. Là était la forêt Bacenis[1], qui s’étendait fort avant dans le pays, et qui, placée comme une barrière naturelle entre les Suèves et les Chérusques, séparait ces deux peuples et les défendait contre leurs mutuelles incursions. C’est à l’entrée de cette forêt, probablement vers les montagnes de la Thuringe, que les Suèves avaient résolu d’attendre les Romains.

Dans cette expédition comme dans la précédente, César redouta de s’engager trop avant au milieu d’une contrée inculte, où les vivres auraient pu lui manquer. Il repassa donc le Rhin. Cependant, pour maintenir les barbares dans la crainte de son retour, et empêcher leurs renforts d’arriver aux Gaulois, il ne détruisit pas le pont en entier, mais il en fit couper deux cents pieds du côté de la rive ubienne ; à l’extrémité de la partie tronquée, il éleva une tour à quatre étages, et laissa sur la rive gauche douze cohortes dans un poste retranché. Le jeune C. Volcatius Tullus en eut le commandement. Les deux expéditions de César sur la rive droite du Rhin n’amenèrent aucun combat ; cependant l’effet moral en fut si grand, que depuis cette époque les Germains n’appuyèrent plus les soulèvements de la Gaule, et devinrent même les auxiliaires des Romains[2].


  1. Voyez page 75.
  2. Guerre des Gaules, VI, xxix.