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veuille l’accroître encore par les fatigues et les veilles. Au point du jour, les troupes, pleines de sécurité, se mettent en marche sur une longue colonne, encombrée de nombreux bagages.

À trois kilomètres (a millibus passuum circiter duobus) de la ville de Tongres se trouve le vallon de Lowaige, encaissé entre deux collines, et formant un grand défilé d’environ 2 500 mètres de longueur (magnam convallem). Il est traversé par un ruisseau, le Geer. Les collines, aujourd’hui dénudées, étaient, il y a un siècle encore, couvertes de bois[1] ; c’est là que les Éburons attendaient l’armée romaine.

Avertis des projets de retraite par le bruit et le tumulte, ils s’étaient partagés en deux corps, à droite et à gauche du vallon, et postés en embuscade au milieu des bois. Quand ils virent la plus grande partie des troupes romaines engagées dans le défilé, ils les attaquèrent en queue et en tête, profitant de tous les avantages des lieux.

Alors Sabinus, en homme qui n’avait rien prévu, se trouble, court çà et là, hésite dans toutes ses mesures, comme il arrive à celui qui, surpris par l’événement, est forcé, au milieu du péril, de prendre un parti ; Cotta, au contraire, qui avait calculé les chances funestes du départ et s’y était opposé, ne néglige rien pour le salut commun. Il anime les troupes, combat dans les rangs, général et soldat à la fois. Comme la longueur de la colonne empêchait les lieutenants de tout voir et de tout régler par eux-mêmes, ils firent passer de bouche en bouche aux soldats l’ordre d’abandonner les bagages et de former le cercle. Cette résolution, quoique justifiée par la circonstance, eut cependant un effet fâcheux : elle diminua la confiance des Romains et accrut l’ardeur des Éburons, qui attribuèrent un parti si

  1. Voyez la notice de M. M. F. Driesen sur la position d Aduatuca, dans les Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 2e série, t. XV. no 3.