Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le mouvement qui avait longtemps poussé vers le midi les peuples du nord s’était ralenti depuis plusieurs siècles ; mais, au septième siècle de la fondation de Rome, il semble recommencer avec plus d’intensité. Les Cimbres et les Teutons[1], après avoir ravagé le Norique et l’Illyrie, et défait l’armée de Papirius Carbon envoyée pour couvrir l’Italie (641), avaient traversé la Rhétie, et, par la vallée du Rhin, pénétré chez les Helvètes. Ils entraînèrent avec eux une partie de ce peuple, se répandirent dans la Gaule et y portèrent, durant plusieurs années, la terreur et la désolation. Les Belges seuls leur résistèrent vigoureusement. Rome, pour protéger sa Province, fit marcher, soit contre eux, soit contre les peuplades helvètes, leurs alliées, cinq généraux qui furent successivement vaincus : le consul M. Junius Silanus, en 645 ; M. Aurelius Scaurus, en 646 ; L. Cassius Longinus, en 647[2] ; enfin, dans l’année 649, le proconsul Q. Servilius Cæpion[3] et Cn. Manlius Maximus. Ces deux derniers perdirent chacun leur armée[4]. L’existence de Rome était menacée. Marius, par les victoires remportées à Aix sur les Teutons (652), et aux champs Raudiens, non loin de l’Adige, sur les Cimbres (653), détruisit les barbares et sauva l’Italie.

Les anciens confondaient souvent les Gaulois avec les Cimbres et les Teutons ; issus d’une même origine, ces peuples formaient comme l’arrière-garde de la grande armée d’invasion qui, à une époque inconnue, avait amené des bords de la mer Noire les Celtes dans les Gaules.

  1. Strabon, VII, p. 243.
  2. Cette victoire fut remportée par les Tigurins, peuplade de l’Helvétie, sur le territoire des Allobroges. D’après l’Epitome de Tite-Live, LXV, la bataille aurait eu lieu chez les Nitiobriges, peuple habitant au nord de la Garonne, ce qui est peu probable.
  3. Servilius avait pillé le temple de Toulouse.
  4. Tite-Live, Epitome, LXVII. — Tacite, Germanie, xxxvii.