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voisins à recouvrer leur liberté, et tous ensemble firent signifier à Crassus de leur renvoyer les otages, s’il voulait que ses tribuns et ses préfets lui fussent rendus.

César, alors très-loin du théâtre de ces événements, les apprit par Crassus. Il ordonna aussitôt de construire des galères sur la Loire, de tirer des rameurs des côtes de la Méditerranée, de se procurer des matelots et des pilotes. Ces mesures promptement exécutées, il se rendit à l’armée dès que la saison le permit. À la nouvelle de son approche, les Vénètes et leurs alliés, se sentant coupables d’avoir jeté dans les fers des envoyés revêtus d’un caractère inviolable, firent des préparatifs proportionnés à la grandeur du péril dont ils se voyaient menacés. Ils s’occupèrent surtout d’armer leurs navires. Leur confiance était entière : ils savaient que les marées intercepteraient les chemins au bord de la mer ; ils comptaient sur la difficulté de la navigation dans ces parages inconnus, où les ports sont peu nombreux, et sur le manque de vivres, qui rendrait impossible aux Romains un long séjour dans leur pays.

Leur détermination prise, ils fortifièrent les oppidums, y transportèrent le blé des campagnes. Persuadés que le pays des Vénètes serait le premier attaqué, ils rassemblèrent tous leurs navires, sans doute dans le vaste estuaire formé par la rivière d’Auray dans la baie de Quiberon. (Voir planche 12.) Ils s’associèrent aux peuples maritimes de la côte, depuis l’embouchure de la Loire jusqu’à celle de l’Escaut[1], et demandèrent des secours à l’île de Bretagne[2].

  1. Ils s’associèrent aux Osismes (peuple du département du Finistère), aux Lexoviens (département du Calvados), aux Namnètes (Loire-Inférieure), aux Ambiliates (sur le rive gauche de la Loire, au sud d’Angers), aux Morins (Boulonnais et évêché de Saint-Omer), aux Diablintes (département de la Mayenne), aux Ménapiens (entre le Rhin et les bouches de l’Escaut). (Guerre des Gaules, III, ix.)
  2. Orose (VI, viii) confirme ce fait rapporté dans les Commentaires. (Guerre des Gaules, III, ix et x.)