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Rubicon. La tribu gauloise des Boïens, émue du sort des Sénons, descendit aussitôt dans l’Ombrie, et, ralliant les Étrusques, elle se préparait à venir renouveler le sac de Rome ; mais sa marche fut arrêtée, et deux victoires successives, au lac Vadimon (471) et à Populonia (472), permirent au sénat de conclure une convention qui refoulait les Boïens sur leur ancien territoire. Les hostilités continuèrent avec les Étrusques pendant deux années, après lesquelles leur soumission compléta la conquête de l’Italie septentrionale.


Pyrrhus en Italie. Soumission de Tarente (474-488).

IX. Libres au nord, les Romains tournèrent leurs efforts contre le midi de l’Italie : la guerre fut déclarée à Tarente, dont le peuple avait attaqué une flottille romaine. Pendant que le consul Æmilius investissait la ville, les premières troupes de Pyrrhus, appelées par les Tarentins, débarquaient dans le port (474).

Cette époque marque une phase nouvelle dans les destinées de Rome, qui va, pour la première fois, se mesurer avec la Grèce. Jusqu’ici les légions n’ont pas eu à combattre d’armées vraiment régulières, mais elles se sont aguerries par des luttes incessantes dans les montagnes du Samnium et de l’Étrurie ; désormais elles auront en face de vieux soldats façonnés à une tactique habile et commandés par un homme de guerre expérimenté. Le roi d’Épire, après avoir déjà deux fois perdu et regagné son royaume, envahi et abandonné la Macédoine, rêvait la conquête de l’Occident. Sur la nouvelle de son arrivée à la tête de 25 000 soldats avec vingt éléphants[1], les Romains enrôlent tous les citoyens en état de porter les armes, même les prolétaires ; mais, admirable exemple d’énergie ! ils repoussent l’appui de

  1. Tite-Live, Epitome, XIII-XIV. — Plutarque, Pyrrhus, xv et suiv. — Florus, I, xviii. — Eutrope, II, vi-viii. — Zonare, VIII, 2.