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vingt mille hommes[1]. Elle dominait à la fois le Samnium, l’Apulie et la Lucanie. Si, grâce au traité conclu avec les villes grecques, la suprématie romaine s’étendait sur le midi de la Péninsule, au nord les Étrusques ne pouvaient pas compter comme alliés, puisqu’on n’avait conclu avec eux que des trêves. Dans l’Ombrie, la peuplade des Sarsinates restait indépendante, et tout le littoral entre le Rubicon et l’Æsis était au pouvoir des Sénons ; sur leur frontière méridionale on fonda la colonie romaine de Sena Gallica (Sinigaglia) ; la côte du Picenum fut surveillée par celle de Castrum Novum et par la forteresse latine de Hatria (465)[2].


Troisième coalition des Étrusques, des Gaulois,
des Lucaniens et de Tarente (469-474).

VIII. La puissance de Rome s’était considérablement accrue. Les Samnites, qui jusqu’alors avaient joué le premier rôle, étaient hors d’état d’ourdir encore une coalition, et un peuple seul ne pouvait être assez téméraire pour provoquer la République. Cependant les Lucaniens, toujours hésitants, donnèrent cette fois le signal d’une rébellion générale.

L’attaque de Thurium, par les Lucaniens et les Bruttiens, devint l’occasion d’une nouvelle ligue où entrèrent successivement les Tarentins, les Samnites, les Étrusques et jusqu’aux Gaulois. Bientôt le nord fut en feu, et l’Étrurie servit encore de champ de bataille. Une armée romaine, accourue pour dégager Arretium, fut mise en déroute par des Étrusques réunis à des mercenaires gaulois. Les Sénons, auxquels ceux-ci appartenaient, ayant massacré les ambassadeurs de Rome, envoyés pour demander raison de la violation de leur traité avec la République, le sénat fit marcher contre eux les légions, qui les rejetèrent au delà du

  1. Denys d’Halicarnasse, Excerpta, p. 2325, édit. Schweighæuser.
  2. Polybe, II, xix, xxiv. — Tite-Live, Epitome, XI.