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Soumission du Latium après la première guerre samnite.

IV. Pendant cent soixante-sept ans, Rome s’était bornée à lutter contre ses voisins pour reconquérir une suprématie perdue depuis la chute des rois. Elle s’était presque toujours tenue sur la défensive, mais, à partir du ve siècle, elle prend l’offensive et inaugure le système de conquêtes suivi jusqu’au moment où elle succombe elle-même.

En 411, elle avait, de concert avec les Latins, combattu pour la première fois les Samnites et commencé contre ce peuple redoutable une lutte qui dura soixante et douze ans et qui valut vingt-quatre triomphes aux généraux romains[1]. Fiers d’avoir contribué aux deux grandes victoires du mont Gaurus et de Suessula, les Latins, avec le sentiment exagéré de leur force et la prétention de marcher à l’égal de Rome, en étaient venus à exiger que l’un des deux consuls et la moitié des sénateurs fussent pris parmi eux. Dès ce jour la guerre leur fut déclarée. Le sénat voulait bien des alliés et des sujets, mais il ne pouvait souffrir d’égaux ; il accepta alors sans scrupule les services des ennemis de la veille, et on vit dans les champs du Veseris et de Trifanum les Romains, unis aux Samnites, aux Herniqnes et aux peuples sabelliens, combattre contre les Latins et les Volsques. Le Latium une fois soumis, il restait à régler le sort des vaincus. Tite-Live rapporte un discours de Camille qui explique clairement la politique conseillée par ce grand citoyen. « Voulez-vous, s’écrie-t-il en s’adressant aux membres de l’assemblée, user avec la dernière rigueur des droits de la victoire ? Vous êtes les maîtres de détruire tout le Latium et d’en faire un vaste désert après en avoir tiré souvent de puissants secours. Voulez-vous, au contraire, à l’exemple de vos pères, augmenter les ressources de Rome ? Admettez les vaincus au nombre de vos concitoyens ; c’est un moyen fécond d’accroître à la fois

  1. Florus, I, xvi.