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pour se débarrasser de la classe turbulente[1]. Il y en avait de deux sortes : les colonies romaines et les colonies latines. Les unes différaient peu des municipes du premier degré, les autres des municipes du deuxième degré. Les premières étaient formées de citoyens romains, pris avec leurs familles dans les classes soumises au service militaire, et même, à l’origine, uniquement parmi les patriciens. Les colons conservaient les privilèges attachés au titre de citoyen[2], se trouvaient astreints aux mêmes obligations, et l’administration intérieure de la colonie était une image de celle de Rome[3].

Les colonies latines, à la différence des autres, avaient été fondées par la confédération des Latins sur divers points du Latium. Émanant d’une ligue de cités indépendantes, elles n’étaient pas, comme les colonies romaines, rattachées par des liens étroits à la métropole[4]. Mais la confédération une fois dissoute, ces colonies furent mises au rang des villes alliées (socii latini). L’acte (formula) qui les instituait était une sorte de traité garantissant leurs franchises[5].

  1. « Valerius envoya sur les terres conquises des Volsques une colonie d’un certain nombre de citoyens choisis parmi les pauvres, tant pour y servir de garnison contre les ennemis que pour diminuer à Rome le parti des séditieux… » (An de Rome 260.) (Denys d’Halicarnasse, VI, xliii.) — Ce grand nombre de colonies, en déchargeant la population de Rome d’une multitude de citoyens indigents, avait maintenu la tranquillité (452). (Tite-Live, X, vi.)
  2. Les auteurs modernes ne sont pas d’accord sur ce point, qui exigerait une longue discussion ; mais on peut considérer la question comme tranchée dans le sens de notre texte par Madvig, Opuscula, I, p. 244-254.
  3. Le peuple (populus) y nommait ses magistrats ; les duumviri remplissaient les fonctions de consuls ou de préteurs, dont quelquefois ils prenaient le titre (Corpus inscriptionum latin. passim) ; les quinquennales correspondaient aux censeurs. Enfin il y avait des questeurs et des édiles. Le sénat, de même qu’à Rome, se composait de membres nommés à vie, au nombre de cent ; il était complété tous les cinq ans (lectio senatus). (Tabula Heracleensis, cap. v et seq.)
  4. Un certain nombre de colonies figurent dans la liste que donne Denys d’Halicarnasse des membres de la confédération (V, lxi).
  5. Pline, Histoire naturelle, III, iv, § 7.