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Cependant, après cinquante-quatre ans de luttes, depuis l’expulsion des Tarquins, le tribun Icilius, en 298, obtint le partage des terres du mont Aventin, moyennant une indemnité à ceux qui en avaient usurpé une certaine étendue[1]. L’application de la loi Icilia à d’autres parties de l’ager publicus[2] fut vainement sollicitée en 298 comme dans les années suivantes ; mais, en 330, un nouvel impôt fut prélevé sur les possesseurs des terres pour payer la solde des troupes. Rien ne lassait la persévérance des tribuns, et, pendant les trente-six années suivantes, six nouvelles propositions échouèrent, même celle qui était relative au territoire de Boles, récemment pris sur l’ennemi[3]. En 361 seulement un sénatus-consulte accorda à chaque père de famille et à chaque personne libre sept arpents du territoire qui venait d’être conquis sur les Véiens[4]. En 371, après une résistance de cinq années, le sénat, pour s’assurer le

    terres au peuple, puisqu’il en avait fait une ordonnance il y avait déjà dix-sept ans. » (Denys d’Halicarnasse, IX, li.)

  1. Tite-Live, III, xxxi. — Denys d’Halicarnasse, X, xxxiii et suiv.
  2. « Les plébéiens se plaignent hautement qu’on s’est emparé de leurs conquêtes ; qu’il est indigne qu’ayant conquis tant de terres sur l’ennemi il ne leur en reste pas la moindre portion ; que l’ager publicus est possédé par des hommes riches et influents qui en perçoivent injustement le revenu, sans autre titre que leur puissance et les voies de fait les plus inouïes. Ils demandent enfin que, partageant avec les patriciens tous les périls, ils puissent aussi avoir leur part des avantages et du profit qu’on en retire. » (An de Rome 298.) (Denys d’Halicarnasse, X, xxxvi.)
  3. « Le moment eût été bien choisi, après s’être vengé des séditions, de proposer, pour adoucir les esprits, le partage du territoire de Boles ; on eût ainsi affaibli tout désir d’une loi agraire qui chassait les patriciens des héritages publics injustement usurpés. Car c’était une indignité qui blessait le peuple au cœur, que cet acharnement de la noblesse à retenir les terres publiques qu’elle occupait de force, que son refus surtout de partager au peuple même les terrains vacants pris récemment sur l’ennemi, et qui deviendraient bientôt, comme le reste, la proie de quelques nobles. » (An de Rome 341.) (Tite-Live, IV, li.)
  4. Tite-Live, V, xxx.