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nombre fut porté à dix, c’est-à-dire à deux par chacune des cinq classes soumises spécialement au recrutement[1] ; mais la mesure ne profita guère aux plébéiens ; plus le nombre des tribuns augmentait, plus il devenait facile à l’aristocratie de trouver parmi eux un instrument de ses desseins. Peu à peu leur influence s’accrut ; ils s’arrogèrent, en 298, le droit de convoquer le sénat, et cependant ils furent longtemps encore sans faire partie de cette assemblée[2].

Quant aux comices, le peuple n’y avait qu’une faible influence. Dans les assemblées par centuries, le vote des premières classes, composées des citoyens les plus riches, on l’a vu, l’emportait sur tous les autres ; dans les comices par curies, les patriciens étaient maîtres absolus, et lorsque, vers la fin du troisième siècle, les plébéiens obtinrent les comices par tribus[3], cette concession n’ajouta pas sensiblement à leurs prérogatives. Elle se bornait à la faculté de se réunir sur la place publique, où, divisés par tribus, ils mettaient leurs votes dans des urnes pour l’élection de leurs tribuns et de leurs édiles, élus jusque-là par les centuries[4] ;

    peuple pour conférer le consulat aux postulants, les tribuns, en vertu de leurs pouvoirs, empêchaient la tenue des assemblées. De même, lorsque ceux-ci assemblaient le peuple pour faire l’élection, les consuls s’y opposaient, prétendant que le droit de convoquer le peuple et de recueillir les suffrages appartenait à eux seuls. » (An de Rome 271.) (Denys d’Halicarnasse, VIII, xc.) — « Tantôt les tribuns empêchaient les patriciens de s’assembler pour l’élection de l’interroi, tantôt ils défendaient à l’interroi lui-même de faire le sénatus-consulte pour les comices consulaires. » (An de Rome 333.) (Tite-Live, IV, xliii.)

  1. Tite-Live, III, xxx.
  2. Denys d’Halicarnasse, X, xxxi.
  3. « L’événement le plus remarquable de cette année (an de Rome 282), où les succès militaires furent si balancés, où la discorde éclata au camp et dans la ville avec tant de fureur, fut l’établissement des comices par tribus, innovation qui donna aux plébéiens l’honneur de la victoire, mais peu d’avantages réels. En effet, l’exclusion des patriciens ôta aux comices tout leur éclat sans augmenter la puissance du peuple ou affaiblir celle du sénat. » (Tite-Live, II, lx.)
  4. Assemblée du peuple tant de la ville que de la campagne ; les suffrages s’y donnent, non par centuries, mais par tribus : « Le jour du troisième marché,