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trainte d’abandonner, perdant souvent quelques-unes de ses attributions, mais conservant son prestige toujours intact.

Ainsi, le fait caractéristique des institutions romaines était de former des hommes aptes à toutes les fonctions. Tant que sur un théâtre restreint la classe dirigeante sut borner son ambition à faire prévaloir les véritables intérêts de la patrie, que la séduction des richesses et d’un pouvoir illimité ne vint pas l’exalter outre mesure, le système aristocratique se maintint avec tous ses avantages et domina l’instabilité des institutions. Lui seul, en effet, était capable de supporter longtemps, sans succomber, un régime où la direction de l’État et le commandement des armées passaient chaque année dans des mains différentes et dépendaient d’élections dont l’élément est toujours si mobile. En outre, les lois faisaient naître des antagonismes plus propres à amener l’anarchie qu’à consolider la véritable liberté. Examinons, sous ces derniers rapports, la constitution de la République.


Institutions de la République.

II. Les deux consuls, dans l’origine, étaient à la fois généraux, juges, administrateurs ; égaux en pouvoirs, ils se trouvaient souvent en désaccord, soit au Forum[1], soit sur le champ de bataille[2]. Leurs dissentiments se reprodui-

  1. Preuves du désaccord des deux consuls : « Cassius fit venir secrètement autant de Latins et d’Herniques qu’il lui fut possible pour avoir leurs suffrages ; il en arriva à Rome un si grand nombre qu’en peu de temps la ville se trouva pleine d’hôtes. Virginius, qui en fut averti, fit publier par un héraut dans tous les carrefours que ceux qui n’avaient point de domicile à Rome eussent à se retirer incessamment ; mais Cassius donna des ordres contraires à ceux de son collègue, défendant à quiconque avait le droit de bourgeoisie romaine de sortir de la ville jusqu’à ce que la loi fut confirmée et reçue. » (An de Rome 268.) (Denys d’Halicarnasse, VIII, lxxii.) — « Quinctius, plus indulgent que son collègue, voulut qu’on cédât au peuple tout ce qu’il demanderait de juste et de raisonnable ; Appius, au contraire, aimait mieux mourir que de céder. » (An de Rome 283.) (Denys d’Halicarnasse, IX, xlviii.)
  2. « Les deux consuls étaient du caractère le plus opposé et toujours en discorde (dissimiles discordesque)… » (Tite-Live, XXII, xli.) — « Tandis