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rendue sans aucune opposition, avec le concours de ceux que Cicéron considérait comme ses amis[1]. On confisqua ses biens, on rasa sa maison et on l’exila à une distance de quatre cents milles.

César avait habilement pris toutes ses précautions pour que son action se fît encore sentir à Rome pendant son absence, autant que l’instabilité des magistratures pouvait le permettre. Par l’influence de sa fille Julie, dont les charmes et l’esprit captivaient son mari, il retint Pompée ; par la distinction accordée au fils de Crassus, jeune homme d’un haut mérite, nommé son lieutenant, il s’assura du père. Cicéron est éloigné, mais bientôt César consentira à son retour et se le conciliera de nouveau en appelant près de lui son frère Quintus. Reste l’opposition de Caton ; Clodius se charge de l’écarter sous l’apparence d’une honorable mission : il est envoyé en Chypre pour détrôner le roi Ptolémée, dont les déréglements excitaient la haine de ses sujets[2]. Enfin tous les hommes importants qui avaient quelque chance d’arriver aux emplois sont gagnés à la cause de César ; quelques-uns même s’y engagent par écrit[3]. Il peut donc partir ; le destin va lui frayer une nouvelle route : une gloire immortelle l’attend au delà des Alpes, et, en rejaillissant sur Rome, cette gloire changera la face du monde.


Explication de la conduite de César.

VII. Nous avons montré César n’obéissant qu’à ses convictions politiques, soit comme promoteur ardent de toutes les mesures populaires, soit comme partisan déclaré de Pompée ; nous l’avons montré aspirant, de par une noble ambition, au pouvoir et aux honneurs ; mais nous n’ignorons pas que les historiens en général donnent d’autres motifs de

  1. Plutarque, Cicéron, xli.
  2. Velleius Paterculus, II, xlv.
  3. Suétone, xxiii.