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pour n’avoir tenu aucun compte des auspices. Le sénat recula devant cette proposition[1]. Cependant on traduisit en justice le questeur de César ; lui-même y fut cité par le tribun L. Antistius ; mais le collège tout entier se désista de la plainte en vertu de la loi Memmia, qui défendait d’accueillir aucune accusation contre un citoyen absent pour le service de la République[2].

César se trouvait encore aux portes de Rome, investi de l’imperium, et, suivant les lettres de Cicéron[3], à la tête de troupes nombreuses, composées, selon toute apparence, de vétérans volontaires[4]. Il y resta même plus de deux mois,

  1. Suétone, César, xxiii ; — Néron, ii.
  2. Suétone, César, xxiii. — Valère Maxime, III, vii, 9.
  3. « Aux portes de Rome était un général, avec un commandement pour plusieurs années et disposant d’une grande armée (cum magno exercitu). Était-il mon ennemi ? Je ne le dis pas ; mais je sais que, quand on le disait, il gardait le silence. » (Cicéron, Discours après son retour au sénat, xiii.) « Oppressos vos, inquit, tenebo exercitu Cæsaris. » (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xvi.) « Clodius disait qu’il envahirait la curie à la tête de l’armée de César. » (Cicéron, Discours sur la réponse des aruspices, xxii.) « César était déjà sorti de Rome avec son armée. » (Dion-Cassius, XXXVIII, xvii.)
  4. Dans plusieurs passages des lettres de Cicéron, César est représenté comme étant aux portes de Rome à la tête de son armée, et cependant on sait, par la lecture des Commentaires, qu’il n’avait, au commencement de la guerre des Gaules, que quatre légions, dont la première se trouvait sur les bords du Rhône et les trois autres à Aquilée, en Illyrie. Il est donc difficile de comprendre comment il aurait eu aux portes de Rome des troupes, dont il n’est plus fait mention dans le cours de sa campagne. Le moyen de concilier les lettres de Cicéron et les Commentaires est d’admettre que César, indépendamment des légions qu’il trouva hors de l’Italie, appela sous ses drapeaux les volontaires et les vétérans romains qui désiraient le suivre. Réunis aux portes de Rome, ils le rejoignirent plus tard dans les Gaules et furent versés dans les légions. Cette supposition est d’autant plus probable, qu’en 700, lorsqu’il s’agit de renommer consuls Pompée et Crassus, César envoya à Rome un grand nombre de soldats pour voter dans les comices ; or, toutes ses légions ayant été recrutées dans la Cisalpine, dont les habitants n’avaient pas le droit de cité romaine, il fallait bien qu’il eût dans son armée d’autres soldats citoyens romains. D’ailleurs, si César fit appel aux vétérans, il suivit en cela l’exemple de presque tous les généraux romains, et, entre autres, de Scipion, de Flamininus et de Marius. En effet,