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tables auteurs de sa mort furent ceux qui l’avaient poussé à cette honteuse manœuvre et qui redoutaient ses révélations[1].

La comparaison des divers récits nous conduit à conclure que cet obscur agent de menées ténébreuses s’était fait l’instigateur d’un complot pour avoir le mérite de le révéler et s’attirer la bienveillance de César en signalant comme complices ses adversaires politiques. L’événement néanmoins profita à César, et le peuple lui permit de prendre des mesures pour sa sûreté personnelle[2]. C’est sans doute à cette époque que fut rétabli l’ancien usage d’accorder au consul, pendant le mois où il n’avait pas les faisceaux, le droit de se faire précéder par un appariteur (accensus) et suivre par des licteurs[3].

Sans changer les lois fondamentales de la République, César avait obtenu un grand résultat : il avait remplacé l’anarchie par un pouvoir énergique, dominant à la fois le sénat et les comices ; par l’entente des trois hommes les plus importants, il avait substitué aux rivalités personnelles une autorité morale qui lui avait permis d’établir des lois favorisant la prospérité de l’empire. Mais il était essentiel que son départ n’entraînât pas la chute de l’édifice si laborieusement élevé. Il n’ignorait ni le nombre ni la puissance de ses ennemis : il savait que, s’il leur abandonnait le Forum et la Curie, non-seulement on reviendrait sur tous ses actes, mais qu’on irait jusqu’à lui enlever son commandement. Si l’on doutait du degré de haine dont il était l’objet, il suffirait de rappeler qu’une année plus tard Arioviste lui avoua, dans une entrevue sur les bords du Rhin, que bien des grands de Rome en voulaient à ses

  1. Scholiaste de Bobbio, Sur le discours de Cicéron contre Vatinius, p. 320, éd. Orelli. — Appien, Guerres civiles, II, ii et xii.
  2. Appien, Guerres civiles, II, xii.
  3. Suétone, César, xx.