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obstinées du sénat ; mais, plus heureux, il avait accompli ce que les Gracques et Pompée avaient été impuissants à réaliser. Plutarque fait l’éloge de la sagesse de son gouvernement dans la Vie de Crassus[1], quoiqu’un jugement passionné ait entraîné cet écrivain à comparer ailleurs sa conduite à celle d’un tribun factieux[2].

Suivant le goût de l’époque et surtout comme moyen de popularité, César donna des jeux splendides, des spectacles, des combats de gladiateurs, empruntant de Pompée et d’Atticus des sommes considérables pour satisfaire à son luxe, à ses profusions et à ses largesses[3]. Suétone, toujours prêt à enregistrer indistinctement le vrai et le faux qui se débitaient alors, rapporte que César aurait soustrait au trésor trois mille livres d’or, auxquelles il aurait substitué un métal doré ; mais l’élévation de son caractère fait rejeter bien loin cette calomnié. Cicéron, qui n’avait, à ce moment, aucune raison de le ménager, n’en parle ni dans ses lettres, où se révèle sa mauvaise humeur, ni dans son Discours contre Fatinius, dévoué à César ; et, d’un autre côté, Pline[4] cite un fait analogue arrivé pendant le consulat de Pompée.


César reçoit le gouvernement des Gaules.

IV. César ne bornait pas son ambition à être consul et législateur, il désirait obtenir un commandement à la hauteur de son génie, reculer les frontières de la République et les préserver de l’invasion de ses plus puissants ennemis. On se souvient que, lors de l’élection des consuls, le sénat leur avait attribué la surveillance des forêts et des chemins

  1. « César se conduisit avec sagesse dans son consulat. » (Plutarque, Crassus, xvii.)
  2. « César publia des lois dignes non d’un consul, mais du tribun le plus audacieux. » (Plutarque, César, xiv.)
  3. Cicéron, Lettres à Atticus, VI, i. — Appien, Guerres civiles, II, xiii.
  4. Pline, Histoire naturelle, XXXIII, v. Les professeurs Drumann et Mommsen s’élèvent comme nous contre l’assertion de Suétone.