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triomphe, des couronnes d’or d’un prix considérable (aurum coronarium), et faisaient supporter aux pays qu’ils traversaient leurs dépenses et celles de leur suite. César remédia à ces abus en défendant aux proconsuls d’exiger la contribution coronaire avant que le triomphe eût été décidé[1], et en soumettant aux règles les plus sévères les prestations en nature qu’on devait fournir[2]. On peut juger combien ces prescriptions étaient nécessaires par ce fait que Cicéron, dont l’administration passait avec raison pour intègre, avoue avoir retiré, huit ans après la loi Julienne, de fortes sommes de son gouvernement de Cilicie[3].

La même loi défendait à tout gouverneur, sans la permission du sénat et du peuple, de sortir de sa province, ou d’en faire sortir ses troupes, de s’immiscer dans les affaires d’un État voisin[4] ou d’exiger de l’argent des provinciaux[5].

Elle atténuait également les abus des légations libres (De liberis legationibus). On appelait ainsi les missions données aux sénateurs qui, se rendant dans les provinces pour leurs propres affaires, se faisaient revêtir abusivement du titre de légats du peuple romain pour être défrayés de toute dépense et de tous frais de transport. Ces missions, d’une durée indéfinie, étaient l’objet de réclamations incessantes[6].

  1. « Je ne parle pas de l’or coronaire qui t’a si longtemps mis à la torture, dans ton incertitude si tu devais le demander ou non. En effet, la loi de ton gendre défendait de le donner ou de l’accepter, à moins que le triomphe n’eût été accordé. » (Cicéron, Discours contre Pison, xxxvii.)
  2. Cicéron, Discours contre Pison, xxxvii ; — Lettres à Atticus, V, x et xvi.
  3. « Faites attention, s’il vous plaît, que j’ai déposé à Éphèse, entre les mains des publicains, une somme qui m’appartient très-légitimement, 22 millions de sesterces, et que Pompée a fait main basse sur le tout. J’en ai pris mon parti bien ou mal, n’importe. » (Cicéron, Lettres familières, V, xx.)
  4. Cicéron, Discours contre Pison, xxi.
  5. Cicéron, Discours sur les provinces consulaires, ii, iii, iv.
  6. « Y a-t-il rien de plus honteux qu’un sénateur, député sans le moindre mandat de la République ? C’est cette espèce de députation que j’aurais abolie