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de presser la distribution des dernières terres, afin que César, à son retour des Gaules, n’en eût pas le mérite[1].


Différentes lois de César.

III. Nous avons vu que, les années précédentes, Caton avait fait refuser aux fermiers des impôts de l’Asie la diminution du prix de leur bail. Par cette mesure sévère, le sénat s’était aliéné l’ordre des chevaliers, dont la réclamation n’était pas sans fondement. En effet, le fermage des revenus de l’Asie avait été onéreux pendant la guerre contre Mithridate, comme on peut s’en convaincre par le discours de Cicéron pour la loi Manilia, et la remise d’une partie des sommes dues à l’État n’était pas sans quelque apparence de justice. César, devenu consul, s’empressa, autant par équité que par politique, de proposer une loi pour décharger les publicains du tiers des sommes dont ils étaient redevables[2]. Il s’adressa d’abord au sénat ; mais, l’assemblée ayant refusé d’en délibérer, il se vit contraint de soumettre la question au peuple[3], qui adopta son opinion. Cette libéralité, bien au delà de leurs espérances, les remplit de joie et les rendit favorables à celui qui se montrait si généreux ; il leur recommanda cependant publiquement d’être plus prudents à l’avenir, et de ne point enchérir d’une manière inconsidérée lors de l’adjudication des impôts[4].

La loi agraire et la loi sur les redevances avaient donné satisfaction aux intérêts des prolétaires, des vétérans et des chevaliers ; il n’était pas moins important de faire droit aux justes réclamations de Pompée. Aussi César obtint-il du peuple la sanction de tous les actes du vainqueur

  1. Cicéron, Lettres familières, VIII, x.
  2. Appien, Guerres civiles, II, xiii. — Scholiaste de Bobbio, Sur le discours de Cicéron pour Plancus, p. 261, éd. Orelli.
  3. Cicéron, Discours pour Plancus, xiv.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, II, i. — Suétone, César, xx.