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L’effroi fut général. On crut à une nouvelle invasion des Cimbres et des Teutons, et, comme toujours en pareille occasion, une levée en masse, sans exemption, fut ordonnée[1]. Les consuls de l’année précédente tirèrent au sort leurs provinces, et on décida d’envoyer des commissaires chargés de s’entendre avec les peuplades gauloises pour résister aux invasions étrangères. Les noms de Pompée et de Cicéron furent aussitôt prononcés ; mais le sénat, mû par différentes raisons, déclara que leur présence était trop nécessaire à Rome pour qu’on leur permît de s’éloigner. On ne voulait pas fournir au premier une nouvelle occasion de se mettre en évidence, ni se priver du concours du second.


Alliance de César, de Pompée et de Crassus.

III. Des nouvelles plus rassurantes étant parvenues de la Gaule, la crainte de la guerre cessa pour quelque temps, et les choses avaient repris leur allure accoutumée, lorsque César revint d’Espagne. Au milieu de la confusion des opinions et des intérêts, la présence d’un homme ferme dans ses desseins, à convictions profondes, illustré par de récents succès, fut, sans nul doute, un événement. Il lui fallut peu de temps pour juger la situation, et, ne pouvant encore réunir les masses par une grande idée, il pensa à réunir les chefs par un intérêt commun.

Tous ses efforts eurent dès lors pour but de faire partager ses vues à Pompée, à Crassus et à Cicéron. Le premier avait été assez mal disposé pour lui. À son retour de la campagne contre Mithridate[2], il l’appelait son Égisthe, par allusion aux relations que César avait eues avec sa femme Mucia pendant que, semblable à Agamemnon, il faisait la guerre en Asie. Ce ressentiment, assez faible d’ailleurs chez les Romains, disparut bientôt devant les exigences de la poli-

  1. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xix.
  2. Suétone, César, l.