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Marc-Antoine, dans un discours prononcé après la mort de César.

Ce n’est donc pas, ainsi que le prétend Suétone, en mendiant des subsides[1] : on ne mendie guère à la tête d’une armée ; ce n’est pas davantage en abusant de sa force, qu’il amassa de si grandes richesses : il les obtint par les contributions de guerre, par une bonne administration, par la reconnaissance même de ceux qu’il avait gouvernés.


César demande le triomphe et le consulat (694).

II. César était revenu à Rome vers le mois de juin[2] sans attendre son successeur. Ce retour, que les historiens regardent comme précipité, ne l’était guère, puisque ses pouvoirs réguliers étaient expirés depuis le mois de janvier 694. Mais il tenait à être présent à la prochaine réunion des comices consulaires. Il s’y présenta avec confiance, et, pendant qu’il faisait les préparatifs de son triomphe, il demanda de pouvoir en même temps briguer le consulat. Revêtu du titre d’imperator, ayant, par une conquête rapide, reculé les bornes de l’empire jusqu’aux rivages septentrionaux de l’Océan, il pouvait légitimement aspirer à cette double distinction ; mais on l’accordait difficilement. Pour obtenir le triomphe, il fallait rester hors de Rome, garder les licteurs et l’habit militaire, et attendre que le sénat eût fixé le jour de l’entrée. Pour briguer le consulat, il fallait, au contraire, être présent à Rome, en robe blanche[3], costume des pré-

    doutant de la fidélité de cette province, il ne voulut pas accorder à ses habitants la possibilité de devenir plus tard dangereux, grâce à une paix apparente. Il préféra faire ce qui importait aux intérêts de la République plutôt que de passer tranquillement le temps de sa magistrature, et, comme les Espagnols refusaient de se rendre, il les y obligea par la force ; il surpassa donc en gloire ceux qui l’avaient précédé en Espagne, car il est plus difficile de conserver une conquête que de la faire. » (Dion-Cassius, XLIV, xli.)

  1. Suétone, César, liv.
  2. « César arrive dans deux jours. » (Cicéron à Atticus, II, i. Juin 694.)
  3. De là le nom de candidat.