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CHAPITRE QUATRIÈME.

(693-695.)

César, propréteur, en Espagne (693).

I. Tandis qu’à Rome les anciennes réputations s’abaissaient dans des luttes sans grandeur et sans patriotisme, d’autres s’élevaient, au contraire, dans les camps par l’éclat de la gloire militaire. César, au sortir de sa préture, s’était rendu dans l’Espagne ultérieure, qui lui était assignée par le sort ; vainement ses créanciers avaient cherché à retarder son départ : il avait eu recours au crédit de Crassus, qui lui servit de caution pour la somme de 830 talents (près de 5 millions de francs)[1]. Il n’avait même pas attendu les instructions du sénat[2], qui, d’ailleurs, ne pouvaient être prêtes de longtemps, l’assemblée ayant remis les affaires concernant les provinces consulaires après le procès de Clodius, terminé seulement en avril 693[3]. Cet empressement à rejoindre son poste ne pouvait donc avoir pour raison la crainte de nouvelles poursuites, comme on l’a supposé, mais il était motivé par le désir de porter secours aux alliés, qui imploraient la protection romaine contre les montagnards de la Lusitanie. Toujours dévoué sans réserve à ses protégés[4], il emmenait avec lui en Espagne un jeune

  1. Plutarque, César, xii. — Appien, Guerres civiles, II, ii, 8, parle de 25 millions de sesterces, ce qui fait 4 millions 750 000 francs.
  2. Suétone, César, xviii.
  3. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xiv et xvi.
  4. « Dès sa jeunesse il se montra zélé et fidèle envers ses clients. » (Suétone, César, lxxi.)