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d’aller, suivant la coutume, féliciter les nouveaux consuls[1], preuve que, dans cette circonstance encore, il s’agissait bien d’une lutte de partis. Catulus se défendit lui-même, sans pouvoir toutefois aborder la tribune, et, le tumulte augmentant, César dut céder à la force. L’affaire n’eut pas d’autres suites[2].

Le sentiment public continuait à réagir contre la conduite du sénat, et n’hésitait pas à l’accuser hautement du meurtre des complices de Catilina. Metellus Nepos, soutenu par les amis des conjurés, par les partisans de son patron et ceux de César, prit l’initiative d’une loi pour rappeler Pompée avec son armée, afin, disait-il, de maintenir l’ordre dans la ville, de protéger les citoyens et d’empêcher qu’ils ne fussent mis à mort sans jugement. Le sénat, et surtout Caton et Q. Minucius, offusqués déjà des succès de l’armée d’Asie, opposèrent à ces propositions une résistance absolue.

Le jour du vote des tribus, les scènes les plus tumultueuses eurent lieu. Caton alla s’asseoir entre le préteur César et le tribun Metellus, pour les empêcher de communiquer ensemble. On en vint aux coups, on tira les épées[3], et les deux factions se chassèrent tour à tour du Forum, jusqu’à ce qu’enfin le parti du sénat l’emporta. Metellus, obligé de s’enfuir, déclara qu’il cédait à la force et qu’il allait retrouver Pompée, qui saurait bien les venger tous deux. C’était le premier exemple d’un tribun abandonnant Rome pour se réfugier dans le camp d’un général. On le destitua de ses fonctions et César de celles de préteur[4]. Ce dernier n’en tint pas compte, garda ses licteurs et continua

  1. Suétone, César, xv.
  2. Suétone, César, xvi.
  3. Dion-Cassius, XXXVII, xliii. — Suétone, César, xvi. — Cicéron, Discours pour Sextius, xxix.
  4. Suétone, César, xvi.