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César, préteur (692).

VII. César, désigné préteur urbanus l’année précédente, prit en 692 possession de sa charge. Bibulus, son ancien collègue dans l’édilité et son adversaire déclaré, lui fut adjoint. Plus son influence augmentait, plus il semble l’avoir mise au service de Pompée, qui, depuis son départ, était resté l’objet des espérances du parti populaire. Il contribua plus que tout autre à faire décerner au vainqueur de Mithridate des honneurs inusités[1], tels que le privilège d’assister aux jeux du cirque avec la robe triomphale et une couronne de laurier, et aux représentations théâtrales avec la prétexte, insigne des magistrats[2]. Bien plus, il fit tous ses efforts pour réserver à Pompée une de ces satisfactions d’amour-propre auxquelles les Romains attachaient un grand prix.

Les personnes chargées de réédifier un monument public obtenaient, à la fin des travaux, l’honneur d’y graver leur nom. Catulus avait fait inscrire le sien sur le temple de Jupiter, incendié au Capitole en 671, et dont la reconstruction lui avait été confiée par Sylla. Ce temple n’était pas entièrement terminé. César réclama contre cette illégalité, accusa Catulus d’avoir détourné une partie de l’argent destiné à cette restauration, et proposa de charger Pompée, à son retour, d’achever l’œuvre, d’y mettre son nom à la place de celui de Catulus, et d’en faire la dédicace[3]. Non-seulement César donnait par là un témoignage de déférence à Pompée, mais il voulait plaire à la multitude en portant une action contre un des chefs les plus estimés du parti aristocratique.

La nouvelle de cette accusation mit le sénat en émoi, et l’empressement des grands à accourir au Forum pour rejeter la proposition fut telle, qu’ils négligèrent ce jour-là

  1. Velleius Paterculus, II, xl. — Dion-Cassius, XXXVII, xxi.
  2. Suétone, César, xlvi.
  3. Dion-Cassius, XXXVII, xliv ; XLIII, xiv.