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Remarquons, d’ailleurs, que chacune des factions qui s’agitaient alors devait chercher à compromettre, pour se l’approprier, un personnage tel que César, en évidence par son nom, sa générosité et son courage.

Une affaire restée obscure, mais qui fit alors grand bruit, montra le progrès des idées de désordre. Un des conjurés, Cn. Pison, avait pris part aux tentatives d’assassinat contre les consuls Cotta et Torquatus ; il obtint pourtant, par le crédit de Crassus, d’être envoyé comme questeur pro prætore dans l’Espagne citérieure ; le sénat, pour s’en débarrasser, ou dans le douteux espoir de trouver en lui un appui contre Pompée, dont la puissance commençait à paraître redoutable, avait consenti à lui accorder cette province. Mais, en 691, à son arrivée en Espagne, il fut tué par son escorte, d’autres disent par de secrets émissaires de Pompée[1]. Quant à Catilina, il n’était pas homme à fléchir sous le poids des malheurs de ses amis ou de ses propres échecs ; il mit une nouvelle ardeur à braver les périls d’une conjuration et à poursuivre les honneurs du consulat. C’était pour le sénat l’adversaire le plus dangereux. César appuyait sa candidature. Dans un esprit d’opposition évident, il soutenait tout ce qui pouvait nuire à ses ennemis et favoriser un changement de système. D’ailleurs tous les partis étaient contraints de transiger avec ceux qui jouissaient de la faveur populaire. Les grands acceptèrent comme candidat C. Antonius Hybrida, homme sans valeur, capable seulement de se vendre et de trahir[2]. Cicéron, en 690, avait promis à Catilina de le défendre[3], et, une année auparavant, le

  1. Salluste, Catilina, xix.
  2. Plutarque, Cicéron, xv.
  3. « Je me prépare en ce moment à défendre Catilina, mon compétiteur. J’espère, si j’obtiens son acquittement, le trouver disposé à s’entendre avec moi sur nos démarches ; s’il en est autrement, je prendrai mon parti. » (Cicéron, Lettres à Atticus, I, ii.)