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ceux qui n’étaient pas Latins d’origine[1]. Cette mesure devait surtout atteindre les Transpadans, dévoués à César, qui avait déjà promis de leur faire accorder le titre de citoyens, qu’on leur refusait. On craignait qu’ils ne s’introduisissent dans les comices, car depuis l’émancipation des Italiotes il était difficile de distinguer ceux qui avaient le droit de voter, puisque souvent même les esclaves participaient frauduleusement aux élections[2].


César judex quæstionis (690).

VII. César reprit bientôt la lutte politique engagée au début de sa carrière contre les instruments encore vivants de l’oppression des temps passés. Il ne négligea aucune occasion d’appeler sur eux les rigueurs de la justice ou la flétrissure de l’opinion.

La longue durée des troubles civils avait donné naissance à une espèce de malfaiteurs appelés sicarii[3], commettant toute sorte de meurtres et de brigandages. Dès 674, Sylla avait rendu contre eux un édit sévère, qui exceptait toutefois les exécuteurs de ses vengeances soldés par le trésor[4]. Ces derniers étaient en butte à l’animadversion publique, et, quoique Caton eût obtenu la restitution des sommes allouées comme prix de la tête des proscrits[5], personne

  1. « Vous me qualifiez d’étranger parce que je sors d’une ville municipale. Si vous nous regardez comme des étrangers, quoique déjà notre nom et notre rang soient bien assez établis dans Rome et dans l’opinion publique, combien donc, à vos yeux, doivent-ils être des étrangers ces compétiteurs, l’élite de l’Italie, qui viennent de tous côtés vous disputer les magistratures et les honneurs ? » (Cicéron, Discours pour P. Sylla, viii.)
  2. Voyez Drumann, Julii, 147.
  3. J. Paul, Sentences, V, 4, p. 417, éd. Huschke. — Justinien, Institutes, IV, xviii, § 5. — Ulpien, Sur l’office du proconsul, vii.
  4. « Puis dans l’instruction dirigée contre les sicaires, et les exceptions proposées par la loi Cornelia, il rangea parmi ces malfaiteurs ceux qui, pendant la proscription, avaient reçu de l’argent du trésor public pour avoir rapporté à Sylla les têtes des citoyens romains. » (Suétone, César, xi.)
  5. Plutarque, Caton, xxi. — Dion-Cassius, XLVII, vi.