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Manilius reprit tout à coup, en 688, une question qui causait toujours une grande agitation à Rome : c’était l’émancipation politique des affranchis. Il fit adopter par surprise le rappel de la loi Sulpicienne, qui donnait le vote aux affranchis en les distribuant dans les trente-cinq tribus, et prétendit qu’il avait le consentement de Crassus et de Pompée. Mais le sénat révoqua la loi quelque temps après son adoption, d’accord en cela avec les chefs du parti populaire, qui ne la croyaient pas réclamée par l’opinion publique[1].


César édile curule (689).

VI. Tandis que toutes les faveurs semblaient s’accumuler sur l’idole du moment, César, resté à Rome, avait été nommé inspecteur (curator}) de la voie Appienne (687)[2]. L’entretien des routes attirait à ceux qui s’en chargeaient avec désintéressement une grande popularité : celle de César y gagna d’autant plus, qu’il contribua largement à la dépense, et y compromit même sa fortune.

Deux ans après (689), nommé édile curule avec Bibulus, il déploya une magnificence qui excita les acclamations de la foule, toujours avide de spectacles. La place nommée Comitium, le Forum, les basiliques, le Capitole même, furent décorés avec luxe. Des portiques provisoires s’élevèrent, sous lesquels il exposa une foule d’objets précieux[3]. Ces dépenses n’étaient point insolites ; depuis le triomphe du dictateur Papirius Cursor, tous les édiles avaient l’habitude de contribuer à l’embellissement du Forum[4]. César fit célébrer avec la plus grande pompe les jeux romains, la fête de Cybèle, et donna les plus beaux spectacles qu’on eût vus jusqu’alors de bêtes sauvages et de gladiateurs[5]. Le nombre

  1. Dion Cassius, III, xxxvi, xl.
  2. Plutarque, César, v.
  3. Suétone, César, x. — Plutarque, César, v.
  4. Tite-Live, IX, xl.
  5. Dion-Cassius, XXXVII, viii.