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élevé à la préture[1], aussi sensible à l’amitié qu’il fut plus tard oublieux des injures.

Cependant l’amour de la gloire et la conscience de ses hautes facultés le faisaient aspirer à un rôle plus important. Il en manifesta bientôt l’impatient désir, lorsqu’un jour il visita à Gadès, comme l’avaient fait jadis Annibal et Scipion[2], le fameux temple d’Hercule. À la vue de la statue d’Alexandre, il déplora en soupirant de n’avoir encore rien fait, à un âge où ce grand homme avait déjà soumis toute la terre[3]. En effet, César avait alors trente-deux ans, à peu près l’âge auquel mourut Alexandre. Ayant obtenu son rappel à Rome, il s’arrêta, à son retour, dans la Gaule transpadane[4] (687). Les colonies fondées dans cette contrée possédaient déjà le droit latin (jus Latii), que leur avait accordé Pompée Strabon, mais elles demandaient vainement le droit de cité romaine. La présence de César, déjà connu par ses opinions favorables aux provinces, excita une vive émotion parmi les habitants, qui voyaient en lui un représentant de leurs intérêts et de leur cause. L’enthousiasme fut tel, que le sénat, effrayé, se crut obligé de retenir quelque temps en Italie les légions destinées à l’armée d’Asie[5].

L’ascendant de Pompée durait toujours, quoique depuis son consulat il fût resté sans commandement, s’étant engagé, en 684, à n’accepter le gouvernement d’aucune province à l’expiration de sa magistrature[6] ; mais sa popularité commençait à inquiéter le sénat, tant il est dans l’essence de l’aristocratie de se défier de ceux qui s’élèvent et puisent leurs forces en dehors d’elle. C’était un motif de

  1. Plutarque, César, v.
  2. Tite-Live, XXI, xxi. — Florus, II, xvii.
  3. Plutarque, Parallèle d’Alexandre et de César, v. — Suétone, César, vii.
  4. Suétone, César, viii.
  5. Suétone, César, viii.
  6. Velleius Paterculus, II, xxxi.