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Peu de temps après avoir été nommé questeur et admis au sénat, il perdit sa tante Julie et sa femme Cornélie, et s’empressa de faire de leur oraison funèbre une véritable manifestation politique[1]. C’était la coutume à Rome de prononcer l’éloge des femmes, mais seulement lorsqu’elles mouraient dans un âge avancé. César, en dérogeant à l’usage à l’égard de sa jeune femme, obtint l’approbation publique ; on y vit, selon Plutarque[2], une preuve de sensibilité et de douceur de mœurs ; mais on n’applaudissait pas seulement au sentiment de famille, on glorifiait bien plus l’inspiration de l’homme politique qui avait osé faire le panégyrique du mari de Julie, le célèbre Marius, dont l’image en cire, portée par l’ordre de César dans la procession funèbre, reparaissait pour la première fois depuis les proscriptions de Sylla[3].

Après avoir rendu les derniers devoirs à sa femme, il accompagna, en qualité de questeur, le préteur Antistius Vetus, envoyé dans l’Espagne ultérieure[4]. La Péninsule était alors divisée en deux grandes provinces : l’Espagne citérieure, appelée depuis Tarraconaise, et l’Espagne ultérieure, comprenant la Bétique et la Lusitanie[5]. Les limites des frontières, on le pense bien, n’étaient pas exactement déterminées, mais, à cette époque, on considérait comme telles entre ces deux provinces le saltus Castulonensis, qui répond aux sierras Nevada et Cazorla[6]. Au nord, la délimitation ne pouvait pas être plus précise, les Astures n’ayant point été encore complètement soumis. La

  1. Plutarque, César, v. — Suétone, César, vi.
  2. Plutarque, César, v.
  3. Les images d’Énée, de Romulus et des rois d’Albe la Longue figuraient aussi aux convois funèbres de la famille Julia. (Tacite, Annales, IV, ix.)
  4. Plutarque, César, v. — Velleius Paterculus, II, xliii.
  5. Cicéron, Discours pour la loi Manilia, xii ; — pour Fonteius, ii.
  6. César, Guerre civile, I, xxxviii.