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rables au peuple ; il établit que la propriété seule du débiteur, et non sa personne, répondrait de la dette. Il autorisa aussi les plébéiens à devenir les patrons de leurs affranchis, ce qui permettait aux plus riches des premiers de se créer une clientèle semblable à celle des patriciens[1].


La religion.

IV. La religion, réglementée en grande partie par Numa, était, à Rome, un moyen de civilisation, mais surtout de gouvernement. En faisant intervenir la divinité dans les pactes de la vie publique ou privée, on imprimait à tout un caractère sacré. Ainsi se trouvaient sous la sauvegarde des dieux l’enceinte de la ville avec ses servitudes[2], les limites des propriétés, les transactions entre citoyens, les engagements, enfin, même les faits importants de l’histoire consignés dans les livres sacrés[3]. Au foyer domestique, les dieux Lares protégeaient la famille ; sur le champ de bataille, l’emblème placé sur l’étendard était le dieu protecteur de la légion[4]. Par les oracles ou les prodiges, on entretenait le sentiment national et la pensée que Rome deviendrait un jour la maîtresse de l’Italie[5] ; mais si, d’une part, le culte, avec ses imperfections même, contribuait à adoucir les

  1. Denys d’Halicarnasse, IV, ix, xxiii.
  2. « Au dedans de la ville, les édifices ne pouvaient être contigus aux remparts, qu’ils touchent d’ordinaire aujourd’hui, et, au dehors, s’étendait un espace qu’il était interdit de cultiver. Tout cet espace où il n’était permis ni d’habiter, ni de labourer, au delà ou en deçà du mur, les Romains lui donnaient le nom de Pomœrium. Quand, par suite de l’agrandissement de la ville, on reculait le rempart, on ménageait toujours de chaque côté cette zone consacrée. » (Tite-Live, I, xliv.)
  3. « Fondé sur le témoignage des livres sacrés que l’on garde avec grand soin dans les temples. » (Denys d’Halicarnasse, XI, lxii.)
  4. « Ces précieux gages, qu’ils regardent comme autant d’images des dieux. » (Denys d’Halicarnasse, VI, xlv.)
  5. « De là l’interprétation du nom donné au Capitole : en creusant les fondations du temple, on trouva une tête humaine ; les augures déclarèrent que Rome deviendrait la capitale de toute l’Italie. » (Denys d’Halicarnasse, IV, lxi.)