Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mer près de Chalcédoine, se trouvait dans de grands embarras, et Mithridate s’avançait contre Cyzique, ville alliée que délivra plus tard Lucullus. D’un autre côté, un lieutenant du roi de Pont, Eumaque, ravageait la Phrygie, où il massacrait tous les Romains, et s’emparait de plusieurs provinces méridionales de l’Asie Mineure. Les bruits de guerre, les périls que couraient les alliés, enlevèrent César à ses études. Il passa en Asie, leva des troupes de sa propre autorité, chassa de la province le gouverneur du Roi, et retint dans l’obéissance les cités dont la foi était douteuse ou ébranlée[1].


César pontife et tribun militaire (680-684).

VI. Pendant qu’il guerroyait sur les côtes d’Asie, à Rome ses amis ne l’oubliaient pas, et, pénétrés de l’importance pour César d’être revêtu d’un caractère sacré, ils le firent nommer pontife à la place de son oncle L. Aurelius Cotta, consul en 680, mort subitement en Gaule l’année suivante[2].

Cette circonstance l’obligea de retourner à Rome. La mer continuait à être parcourue par les pirates, qui devaient lui en vouloir de la mort de leurs compagnons. Pour leur échapper plus facilement, il traversa le golfe Adriatique sur une barque à quatre rames, accompagné seulement de deux amis et de dix esclaves[3]. Durant le trajet, croyant apercevoir des voiles à l’horizon, il saisit son épée, prêt à vendre chèrement sa vie ; mais ses craintes ne se justifièrent pas, et il aborda sain et sauf en Italie.

À peine de retour à Rome, il fut élu tribun militaire, et il l’emporta à une grande majorité sur son concurrent, C. Popilius[4]. Ce grade déjà élevé, puisqu’il donnait le

  1. Suétone, César, iv.
  2. Velleius Paterculus, II, xliii. — Asconius, Sur le discours de Cicéron « In Pisonem », éd. Orelli.
  3. Velleius Paterculus, II, liii.
  4. Suétone, César, v. — Plutarque, César, v.