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Encouragé par ce succès, César cita, devant le préteur M. Lucullus, C. Antonius Hybrida, pour avoir, à la tête d’un corps de cavalerie, pillé quelques parties de la Grèce lorsque Sylla revenait d’Asie[1]. L’accusé fut également absous, mais la popularité de l’accusateur augmenta encore. Il prit aussi probablement la parole dans d’autres causes demeurées inconnues. Tacite parle d’un plaidoyer de César en faveur d’un certain Decius le Samnite[2], le même sans doute que nomme Cicéron, et qui, fuyant la proscription de Sylla, avait été accueilli avec bienveillance par Aulus Cluentius[3]. Ainsi César se présentait hardiment comme le défenseur des opprimés grecs ou samnites, qui avaient tant souffert du régime précédent. Il s’était surtout attiré la bienveillance des premiers, dont l’opinion, d’une grande influence à Rome, contribuait à faire les réputations.

Ces attaques étaient bien un moyen d’attirer sur lui l’attention publique, mais elles annonçaient aussi du courage, puisque les partisans de Sylla étaient encore tous au pouvoir.


César se rend à Rhodes (678-680).

V. Malgré la célébrité acquise comme orateur, César, décidé à rester étranger aux troubles qui agitaient l’Italie, jugea sans doute sa présence à Rome inutile à sa cause et gênante pour lui-même. Souvent il est avantageux aux hommes politiques de disparaître momentanément de la

    Crassus dit lui-même son âge dans Cicéron (De l’Orateur, III, xx, 74) : « Quippe qui omnium maturrime ad publicas causas accesserim annosque natus unum et viginti nobilissimum hominem in judicium vocarim. » L’orateur Crassus était né en 614. Il accusa Carbon en 685, date donnée par Cicéron. (De l’Orateur, I, xxvi, 121.)

  1. Plutarque, César, iii. — Asconius, Commentaires sur le discours « In toga candida », p. 84, 89, édit. Orelli.
  2. Dialogue sur les orateurs, xxi.
  3. Cicéron, Discours pour Cluentius, lix. Les manuscrits de Cicéron portent Cn. Decitius.