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Vaincu par tant de sollicitations, Sylla céda enfin, en s’écriant : « Eh bien, soit, vous le voulez ; mais sachez que celui dont vous demandez la grâce causera un jour la perte du parti des grands, pour lequel nous avons combattu ensemble, car, croyez-moi, il y a dans ce jeune homme plusieurs Marius[1]. »

Sylla avait deviné juste ; plusieurs Marius en effet se rencontraient dans César ; Marius grand capitaine, mais avec un plus vaste génie militaire ; Marius ennemi de l’oligarchie, mais sans passions haineuses et sans cruauté ; Marius enfin, non plus l’homme d’une faction, mais l’homme de son siècle.


César en Asie (673-674).

III. César ne voulut pas rester froid spectateur du règne sanguinaire de Sylla, et partit pour l’Asie, où il reçut l’hospitalité de Nicomède, roi de Bithynie. Peu de temps après, il prit part aux hostilités qui continuaient contre Mithridate. Les jeunes gens de grande famille qui désiraient faire leur apprentissage militaire suivaient un général à l’armée. Admis dans son intimité, sous le nom de contubernales, ils étaient attachés à sa personne. C’est en cette qualité que César accompagna le préteur M. Minucius Thermus[2], qui l’envoya vers Nicomède, pour réclamer sa coopération au siège de Mitylène, occupée par les troupes de Mithridate. César réussit dans sa mission, et, à son retour, il concourut à la prise de la ville. Ayant sauvé la vie à un soldat romain, il reçut de Thermus une couronne civique[3].

Peu de temps après, il retourna en Bithynie pour y défendre la cause d’un de ses clients. Sa présence fréquente à la cour de Nicomède servit de prétexte à une accusation de honteuse condescendance. Cependant les relations de César avec les Bithyniens s’expliquent naturellement par les

  1. Suétone, César, i.
  2. Suétone, César, ii.
  3. Suétone, César, ii. — Pline, XVI, iv. — Aulu-Gelle, V, vi.