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plaisaient aux hommes, et peut-être encore plus aux femmes.

L’influence de son oncle Marius l’avait fait nommer, à l’âge de quatorze ans, prêtre de Jupiter, flamen dialis[1]. Fiancé à seize ans, sans doute malgré lui, à Cossutia, fille d’un riche chevalier, il s’était dégagé de sa promesse[2] dès la mort de son père, pour resserrer, une année après, son alliance avec le parti populaire, en épousant, en 671, Cornelia, fille de L. Cornelius Cinna, ancien collègue de Marius et le représentant de sa cause. De ce mariage naquit, l’année suivante, Julie, qui plus tard fut la femme de Pompée[3].

Sylla vit avec ombrage ce jeune homme, dont on s’occupait déjà, quoiqu’il n’eût encore rien fait, se lier plus étroitement à ceux qui lui étaient opposés. Il voulut le contraindre à répudier Cornelia, mais il le trouva inébranlable. Lorsque tout fléchissait devant sa volonté, que, par son ordre, Pison se séparait d’Annia, veuve de Cinna[4], et que Pompée chassait ignominieusement sa femme, fille d’Antistius, mort

  1. Suétone (César, i) dit que César fut désigné (destinatus) flamine ; Velleius Paterculus (II, xliii) qu’il fut créé flamine. À notre avis, il avait été créé, mais non inauguré flamine ; or, tant qu’on n’avait pas accompli cette formalité, on n’était que flamine désigné. Ce qui prouve qu’il n’avait jamais été inauguré, c’est que Sylla put le révoquer ; et, d’un autre côté, Tacite dit (Annales, III, lviii) qu’après la mort de Cornelius Merula le flaminat de Jupiter était resté vacant pendant soixante et douze années, sans que le culte spécial de ce dieu eût été interrompu. — Ainsi on ne comptait pas évidemment comme un flaminat réel celui de César, puisqu’il n’était jamais entré en charge.
  2. « Dimissa Cossutia… quæ prætextato desponsata fuerat. » (Suétone, César, i.) Le passage de Suétone indique clairement qu’il était fiancé et non marié à Cossutia, car Suétone se sert du mot dimittere, qui veut dire libérer, et non du mot repudiare, avec son véritable sens ; de plus, desponsata, qui signifie fiancée. — Plutarque dit que Cornelia fut la première femme de César, quoiqu’il prétende qu’il épousa Pompeia en troisièmes noces. (Plutarque, César, v.)
  3. Plutarque, César, v.
  4. Velleius Paterculus, II, xli.