Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

générosité sans bornes ; enfin il possédait une qualité bien rare, le calme dans la colère[1]. « Son affabilité, dit Plutarque, sa politesse, son accueil gracieux, qualités qu’il avait à un degré au-dessus de son âge, lui méritaient l’affection du peuple[2]. »

Deux anecdotes d’une date postérieure doivent trouver ici leur place. Plutarque rapporte que César, pendant ses campagnes, surpris un jour par un violent orage, se réfugia dans une chaumière où se trouvait une seule chambre, trop petite pour plusieurs personnes. Il s’empressa de l’offrir à Oppius, l’un de ses officiers, malade, et lui-même passa la nuit en plein air, disant à ceux qui l’accompagnaient : « Il faut laisser aux grands les places d’honneur, mais céder aux malades celles qui leur sont nécessaires. » Une autre fois, Valerius Leo, chez lequel il dînait à Milan, lui ayant fait servir un plat mal assaisonné, les compagnons de César se récrièrent, mais il leur reprocha vivement ce défaut d’égards envers son hôte, disant « qu’ils étaient libres de ne pas manger d’un plat qui leur déplaisait, mais que s’en plaindre hautement était un manque de savoir-vivre[3]. »

Ces faits, peu importants en eux-mêmes, témoignent cependant et du bon cœur de César et de cette délicatesse de l’homme bien élevé, qui observe partout les convenances.

À ses qualités naturelles, développées par une éducation brillante, venaient s’ajouter des avantages physiques. Sa taille élevée, ses membres arrondis et bien proportionnés, imprimaient à sa personne une grâce qui le distinguait de

    recordatio, quam tibi sacra mens tua loco momentoque, quo jusseris, reddit omne depositum ?  » (Latinus Pacatus, Panegyricus in Theodosium, xviii, 3.) — Pline, Histoire naturelle, VII, xxv.

  1. « Quamvis moderate soleret irasci, maluit tamen non posse. » (Sénèque, Traité de la colère, II, xxiii.)
  2. Plutarque, César, iv.
  3. Plutarque, César, xix.