Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin les travaux militaires pour frapper les imaginations par l’éclat de la gloire. Jaloux de se distinguer entre tous, César ne s’était pas borné à l’étude des lettres : il avait composé de bonne heure des ouvrages, parmi lesquels on cite les Louanges d’Hercule, une tragédie d’Œdipe, un Recueil de mots choisis[1], un livre sur la Divination[2]. Il paraît que ces ouvrages étaient écrits d’un style si pur et si correct, qu’ils lui valurent la réputation d’écrivain éminent, gravis auctor linguæ latinæ[3]. Il fut moins heureux dans l’art de la poésie, si l’on en croit Tacite[4]. Cependant il nous est resté quelques vers adressés à la mémoire de Térence qui ne manquent pas d’élégance[5]. L’éducation avait donc fait de César un homme distingué, avant qu’il fût un grand homme. Il réunissait à la bonté du cœur une haute intelligence, à un courage invincible[6] une éloquence entraînante[7], une mémoire remarquable[8], une

  1. Suétone, César, lvi.
  2. « Fort jeune encore, il paraît s’être attaché au genre d’éloquence adopté par Strabon César, et même il a fait entrer mot à mot, dans sa Divination, plusieurs passages du discours de cet orateur pour les Sardiens. » (Suétone, César, lv.)
  3. Aulu-Gelle, IV, xvi.
  4. « Car César et Brutus ont aussi fait des vers et les ont placés dans les bibliothèques publiques. Poètes aussi faibles que Cicéron, mais plus heureux que lui, parce que moins de personnes surent qu’ils en firent. » (Tacite, Dialogue des orateurs, xxi.)
  5. Tu quoque, tu in summis, o dimidiate Menander,
    Poneris, et merito, puri sermonis amator.
    Lenibus atque utinam scriptis adjuncta foret vis,
    Comica ut æquato virtus polleret honore
    Cum Græcis ; neque in hac despectus parte jaceres !
    Unum hoc maceror et doleo tibi deesse, Terenti.

    (Suétone, Vie de Térence, III, v.)
  6. « Libéral jusqu’à la profusion et d’un courage au-dessus de la nature humaine et même de l’imagination. » (Velleius Paterculus, II, xli.)
  7. « Il tenait, sans contredit, le second rang parmi les orateurs de Rome. » (Plutarque, César, iii.)
  8. « Nam cui Hortensio, Lucullove, vel Cæsari, tam parata unquam adfuit