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Par ses ancêtres comme par ses alliances, César avait hérité du double prestige que donnent une origine ancienne et une illustration récente.

D’un côté, il prétendait descendre d’Anchise et de Vénus[1] ; de l’autre, il était neveu du célèbre Marius, qui avait épousé sa tante Julie. Lorsque la veuve de ce grand capitaine mourut, en 686, César prononça son oraison funèbre, et traça ainsi sa propre généalogie : « Ma tante Julie, par le côté maternel, est issue des rois ; par le côté paternel, elle descend des dieux immortels, car sa mère était une Marcia[2], et les Marcius Rex sont issus d’Ancus Marcius. La famille Julia, à laquelle j’appartiens, descend de Vénus elle-même. Ainsi notre maison réunit au caractère sacré des rois, qui sont les plus puissants parmi les hommes, la sainteté révérée des dieux, qui tiennent les rois eux-mêmes dans leur dépendance[3]. »

Cette orgueilleuse glorification de sa race atteste le prix qu’on mettait, à Rome, à l’ancienneté de l’origine ; mais César, issu de cette aristocratie qui avait produit tant d’hommes illustres, et impatient de marcher sur leurs traces, montra, dès son jeune âge, que noblesse oblige, au lieu d’imiter ceux dont la conduite laissait croire que noblesse dispense.

Aurelia, femme d’un caractère élevé et de mœurs sévères[4], contribua surtout à développer, par une direction

  1. « Il était issu de la noble famille des Jules, et, suivant une opinion accréditée depuis longtemps, il tirait son origine de Vénus et d’Anchise. » (Velleius Paterculus, II, xli.)
  2. En effet, la gens Marcia, une des plus illustres familles patriciennes de Rome, comptait parmi ses ancêtres Numa Marcius, qui avait épousé Pompilia, fille de Numa Pompilius, dont il avait eu Ancus Marcius, qui fut roi de Rome après la mort de Tullus Hostilius. (Plutarque, Coriolan, i ; Numa, xxvi.)
  3. Suétone, César, vi. Ce passage, tel qu’on le traduit ordinairement, est inintelligible, parce que les traducteurs ont rendu les mots Martii Reges par les rois Martius, au lieu de la famille des Marcius Rex.
  4. Plutarque, César, x.