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sulat. La loi exigeait un intervalle de deux ans entre l’exercice de deux magistratures différentes, et de dix entre la même magistrature, règle si sévèrement maintenue, que, pour l’avoir bravée en briguant le consulat[1], Lucretius Ofella, un des partisans les plus dévoués de Sylla, fut mis à mort. Le dictateur retira aux affranchis le droit de voter, aux chevaliers les places d’honneur dans les spectacles ; il fit cesser les adjudications confiées aux fermiers généraux, les distributions de blé, et supprima les corporations, qui offraient un véritable danger pour le repos public. Enfin, pour mettre des bornes au luxe, des lois somptuaires furent promulguées[2].

Par la loi de provinciis ordinandis, il voulut régler le gouvernement des provinces et en améliorer l’administration. La gestion des affaires civiles retenait à Rome les deux consuls et les huit préteurs pendant l’année de leur charge. Ils prenaient ensuite, en qualité de proconsuls ou de propréteurs, le commandement d’une des dix provinces, qu’ils exerçaient durant un an ; dès lors une nouvelle loi curiate devenait inutile pour renouveler l’imperium ; ils le conservaient jusqu’à leur retour à Rome. Trente jours leur étaient accordés pour quitter la province après l’arrivée de leurs successeurs[3]. Le nombre des préteurs, des questeurs, des pontifes et des augures fut augmenté[4]. Tous les ans vingt questeurs durent être nommés, ce qui assurait le recrutement du sénat, puisque cette charge y donnait entrée. Sylla multiplia les commissions de justice. Il prit des mesures pour mettre un terme aux meurtres qui désolaient l’Italie (lex de sicariis) et protéger les citoyens contre les outrages (lex de

  1. Appien, Guerres civiles, I, xi, 101. — Tite-Live, Epitome, LXXXIX.
  2. Aulu-Gelle, II, xxiv.
  3. Cicéron, Lettres familières, III, 6, 8, 10.
  4. Tite-Live, Epitome, LXXXIX. — Tacite, Annales, XI, xxii. — Aurelius Victor, Hommes illustres, lxxv.