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soldats : tant qu’elle existera, il n’y aura pas de liberté en Italie. »

Par une marche de nuit rapide, Telesinus trompa la vigilance de son adversaire ; mais, épuisés de fatigue, arrivant au pied des remparts de Rome, les Samnites ne purent donner l’assaut, et Sylla eut le temps d’accourir avec l’élite de ses légions.

Une bataille sanglante s’engagea aux portes mêmes de la ville, le jour des calendes de novembre 672 ; elle se prolongea fort avant dans la nuit. L’aile gauche des Romains fut battue et prit la fuite, malgré les efforts de Sylla pour la rallier ; Telesinus périt dans la mêlée, et Crassus, qui commandait l’aile droite, remporta une victoire complète. Au jour levant, les Samnites échappés au carnage mirent bas les armes et demandèrent quartier[1].

Plus d’une année encore s’écoula avant la pacification complète de l’Italie, et on n’y parvint que par les mesures les plus violentes et les plus sanguinaires. Sylla fit cette déclaration terrible, qu’il ne pardonnerait à aucun de ses ennemis. À Préneste, tous les sénateurs partisans de Marius furent égorgés et les habitants passés au fil de l’épée. Ceux de Norba, surpris par trahison, plutôt que de se rendre s’ensevelirent sous les ruines de leur cité.

Rien n’avait coûté à Sylla pour arriver au pouvoir : la démoralisation des armées[2], le pillage des villes, le mas-

    le nom de C. Papius Mutilus, avec le titre d’Embratur, , mot osque correspondant au latin imperator.

  1. « Ainsi se terminent deux guerres des plus désastreuses : l’italique, appelée aussi guerre sociale, et la guerre civile ; elles avaient duré dix ans l’une et l’autre ; elles moissonnèrent plus de cent cinquante mille hommes, dont vingt-quatre avaient été consuls, sept préteurs, soixante édiles, et près de deux cents sénateurs ». (Eutrope, V, vi.)
  2. « Sylla fomenta ces désordres en faisant à ses troupes des largesses et des profusions sans bornes, afin de corrompre et d’attirer à lui les soldats des partis contraires. » (Plutarque, Sylla, xvi.)