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Revenu à la vie, Scævola se vit citer en jugement, par un tribun du peuple, Flavius Fimbria, pour n’avoir pas reçu franchement le coup[1].

Pendant que Rome et toute l’Italie étaient plongées dans la plus épouvantable anarchie, Sylla chassait de la Grèce les généraux de Mithridate VI, et gagnait deux grandes batailles, à Chéronée (668), et près d’Orchomène (669). Il était encore en Béotie, lorsque Valerius Flacons, envoyé par Cinna pour le remplacer, débarquait en Grèce, pénétrait en Thessalie et de là passait en Asie. Sylla l’y suivit bientôt, ayant hâte de conclure avec le roi de Pont un arrangement qui lui permît de ramener son armée en Italie. Les circonstances étaient favorables. Mithridate avait besoin de réparer ses pertes, et il se trouvait en présence d’un nouvel ennemi, le lieutenant de Valerius Flaccus, le farouche Flavius Fimbria, meurtrier de son général, et qui, devenu ainsi chef de l’armée d’Asie, s’était emparé de Pergame. Mithridate souscrivit aux conditions imposées par Sylla ; il rendit toutes les provinces dont il s’était emparé, donna des vaisseaux et de l’argent. Sylla s’avança alors en Lydie au-devant de Fimbria ; mais celui-ci, à l’approche du vainqueur de Chéronée, ne put retenir ses soldats. Son armée se débanda pour aller rejoindre Sylla. Menacé par son rival, le meurtrier de Flaccus en fut réduit à se donner la mort. Rien n’arrêtait donc plus les projets de Sylla sur l’Italie, et il se prépara à faire expier chèrement à ses ennemis de Rome leur triomphe passager. Au moment de mettre à la voile, il écrivit au sénat pour lui annoncer la fin de la guerre d’Asie et son prochain retour. Trois ans, disait-il, lui avaient suffi pour réunir à l’empire romain la Grèce, la Macédoine, l’Io-

  1. Quod parcius telum recepisset. Cette expression paraît empruntée aux combats de gladiateurs, qui tiraient leur origine de pareils sacrifices humains accomplis aux funérailles. — Voy. Cicéron, Pour Sext. Roscius, XII, xxxviii. — Valère Maxime, IX, xi, 2.