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et Cn. Papirius Carbon, exilés l’un et l’autre par Sylla, parcouraient le nord de l’Italie et y levaient des troupes ; le vieux Marius débarquait en Étrurie, où sa présence déterminait aussitôt une insurrection. Les paysans étrusques accusaient le sénat de tous leurs maux ; et l’ennemi des nobles et des riches leur parut un vengeur envoyé par les dieux. En se rangeant sous sa bannière, ils croyaient courir avec lui au pillage de la Ville éternelle.

La guerre allait recommencer, et cette fois Romains et Italiotes marchaient unis contre Rome. Du nord, Marius, Sertorius et Carbon s’avançaient avec des troupes considérables. Cinna, maître de la Campanie, pénétrait dans le Latium, pendant qu’une armée samnite l’envahissait d’un autre côté. À ces cinq armées le sénat n’en pouvait opposer qu’une : celle de Cn. Pompée Strabon, habile général, mais politique intrigant, qui espérait s’élever à la faveur du désordre. Quittant ses cantonnements d’Apulie, il était arrivé, à marches forcées, sous les murs de Rome, cherchant à vendre ses services au sénat ou à s’accommoder avec Marius et son parti. Il ne tarda pas à s’apercevoir que les insurgés étaient assez forts pour se passer de lui. Ses soldats, levés dans le Picenum et le pays des Marses, ne voulaient point se battre pour le sénat contre leurs anciens confédérés, et auraient abandonné leur général sans le courage et la présence d’esprit de son fils, alors âgé de vingt ans, celui qui, plus tard, fut le grand Pompée. Un jour, les légionnaires, arrachant leurs enseignes, menaçaient de déserter en masse : le jeune Pompée se coucha en travers de la porte du camp et les défia de passer sur son corps[1]. La mort délivra Pompée Strabon de la honte d’assister à une catastrophe inévitable. Selon quelques auteurs, il succomba aux atteintes d’une maladie épidémique ; suivant d’autres, il fut frappé de la foudre

  1. Plutarque, Pompée, iii.