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Dans les troubles qui éclatèrent lors de l’élection des consuls pour 655, les tribus urbaines en vinrent aux mains avec les tribus des campagnes. Au milieu du tumulte, Saturninus, suivi d’une troupe de désespérés, se rendit maître du Capitole et s’y fortifia. Chargé, en sa qualité de consul, de réprimer la sédition, Marius la favorisa d’abord par une inaction calculée ; puis, voyant tous les bons citoyens courir aux armes et les factieux abandonnés, même par la plèbe urbaine, il se mit à la tête de quelques troupes et fit cerner les avenues du Capitole. Dès les premiers moments de l’attaque les rebelles déposèrent les armes et demandèrent quartier. Marius les laissa massacrer par le peuple, comme s’il eût voulu que le secret de la sédition mourût avec eux.

La question de l’émancipation italienne n’était pas étrangère à la levée de boucliers de Saturninus. Il est certain que les prétentions des Italiotes, repoussées après la mort de C. Gracchus, puis ajournées à l’approche des Cimbres, qui menaçaient toute la Péninsule d’une commune catastrophe, se reproduisirent avec plus de vivacité encore après la défaite des barbares. L’empressement des alliés à secourir l’Italie, le courage dont ils avaient fait preuve sur les champs de bataille d’Aix et de Verceil, leur donnaient de nouveaux droits à devenir Romains. Toutefois, si quelques politiques prudents croyaient le temps arrivé de satisfaire au vœu des Italiotes, un parti nombreux et puissant se révoltait à l’idée d’une pareille concession. Plus les privilèges de citoyen s’étaient étendus, plus l’orgueil romain répugnait à les partager. M. Livius Drusus (663), tribun du peuple, fils du précédent, disposant, à Rome, d’une clientèle immense, patron reconnu de toutes les cités italiotes, osa tenter cette réforme salutaire et faillit l’emporter de haute lutte. Il n’ignorait pas que déjà s’était formée une confédération formidable des peuples du sud et de l’est de l’Italie, et que plus d’une fois leurs chefs avaient médité un