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en 620, que des étrangers pour laboureurs et pour pâtres, et partout les esclaves s’étaient multipliés dans une telle proportion que, seulement en Sicile, 200 000 prirent part à la révolte de 619[1]. En 650, le roi de Bithynie se déclarait incapable de fournir un contingent militaire, tous les jeunes gens adultes de son royaume ayant été enlevés comme esclaves par des percepteurs romains[2]. Dans le grand marché de Délos, 10 000 esclaves furent vendus et embarqués en un jour pour l’Italie[3].

Le nombre excessif des esclaves était donc un danger pour la société et une cause de faiblesse pour l’État[4] ; même inconvénient à l’égard des affranchis. Citoyens depuis Servius Tullius, mais sans droit de suffrage ; libres par le fait, mais restant généralement attachés à leurs anciens maîtres ; médecins, artistes, grammairiens, ils ne pouvaient, ni eux ni leurs fils, devenir sénateurs ou faire partie du collège des pontifes, ou épouser une femme libre, ou servir dans les légions, si ce n’est en cas d’extrême danger. Tantôt admis dans la communauté romaine, tantôt repoussés, véritables mulâtres des temps anciens, ils participaient de deux natures et portaient toujours le stigmate de leur origine[5].

  1. Diodore de Sicile, Fragments, XXXIV, iii.
  2. Diodore de Sicile, Fragments, XXXVI, p. 147, éd. Schweighæuser.2
  3. Strabon, XIV, v, 570.
  4. « Nos ancêtres redoutèrent toujours l’esprit de l’esclavage, alors même que, né dans le champ ou sous le toit de son maître, l’esclave apprenait à le chérir en recevant le jour. Mais depuis que nous comptons les nôtres par nations, dont chacune a ses mœurs et ses dieux, ou même n’a pas de dieux, non, ce vil et confus assemblage ne sera jamais contenu que par la crainte. » (Tacite, Annales, XIV, xliv.)4
  5. En 442, le censeur Appius Claudius Cæcus fait inscrire les affranchis dans toutes les tribus et permet à leurs fils l’entrée au sénat. (Diodore de Sicile, XX, xxxvi.) — En 450, le censeur Q. Fabius Rullianus (Maximus) les renferme dans les quatre tribus urbaines (Tite-Live, IX, xlvi) ; vers 530, d’autres censeurs leur ouvrent encore une fois toutes les tribus ; en 534, les censeurs L. Æmilius Papus et C. Flaminius rétablissent l’ordre de 450 (Tite-