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Quand il flagellait le peuple comme accusateur et comme juge, sans chercher à le relever par l’éducation et par les lois, il ressemblait, dit un érudit allemand, à ce roi de Perse qui faisait battre la mer de verges pour conjurer les tempêtes[1]. Son influence, impuissante à arrêter le mouvement d’une civilisation se substituant à une autre, ne laissa pas de produire un effet funeste sur la politique de cette époque[2]. Le sénat, renonçant à la modération et à la justice, dont tous ses actes avaient été empreints jusque-là, les remplaça par une conduite astucieuse, arrogante, et par un système d’extermination.

Vers le commencement du viie siècle tout disparaît devant la puissance romaine. L’indépendance des peuples, les royaumes et les républiques cessent d’exister. Carthage est détruite, la Grèce rend ses armes, la Macédoine perd sa liberté, celle de l’Espagne périt dans Numance, et peu de temps après Pergame subit le même sort.


Troisième guerre punique (605 à 608).

XII. Malgré son abaissement, Carthage, objet éternel de haine et de défiance, subsistait encore. On lui reprochait sa connivence avec les Macédoniens, toujours impatients du joug, et on lui imputait la résistance des peuplades celtibériennes. En 603, la lutte s’était engagée de nouveau entre Masinissa et les Carthaginois. Comme, d’après les traités, ces derniers ne pouvaient pas faire la guerre sans autorisation, le sénat délibéra sur le parti à prendre. Caton la voulait immédiatement. Scipion Nasica, au contraire, obtint l’envoi d’une nouvelle ambassade, qui parvint à persuader

    l’argent qu’il retirait de ses terres ; il blâmait le marché des jeunes esclaves, et lui-même se livrait à ce trafic sous un nom emprunté. » (Plutarque, Caton le censeur, xxxiii.)

  1. Drumann, Geschichte Roms, V, p. 148.
  2. « Le dernier acte de sa vie politique fut de faire décider la ruine de Carthage. » (Plutarque, Caton le censeur, xxxix.)