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bataille de Cynoscéphales, comme après celle de Magnésie, elle maintint sur leurs trônes Philippe et Antiochus, et n’imposa à ce dernier que les conditions offertes avant la victoire. Si, après la bataille de Pydna, elle renversa Persée, c’est qu’il avait ouvertement violé ses engagements ; mais elle donna à la Macédoine des lois équitables. La justice réglait alors sa conduite, même à l’égard de sa rivale la plus ancienne ; car, lorsque Masinissa, dans ses démêlés avec Carthage, demanda l’appui du sénat, on se borna à lui répondre que, même en sa faveur, l’équité ne serait pas sacrifiée[1].

En Égypte, sa protection affermit la couronne sur la tête de Ptolémée Philométor et de sa sœur Cléopâtre[2]. Enfin, quand tous les rois vinrent, après la victoire de Pydna, offrir leurs félicitations au peuple romain et implorer sa protection, le sénat régla toutes leurs demandes avec une extrême justice. Eumène, devenu suspect, envoya à Rome son frère Attale, qui, voulant profiter des sentiments favorables qu’il avait inspirés, eut la pensée de solliciter pour lui une partie du royaume de Pergame. On l’engagea à y renoncer. Le sénat rendit à Cotys, roi de Thrace, son fils sans exiger de rançon, en lui faisant dire que le peuple romain ne trafiquait pas de ses bienfaits[3]. Enfin, dans les contestations élevées entre Prusias, roi de Bithynie, et les Gallo-Grecs, il déclara que la justice seule dicterait sa décision[4].

Comment donc tant de grandeur dans les vues, tant de

  1. Tite-Live, XLII, xxiv. — On voit, par le passage suivant de Tite-Live, que Masinissa redoutait, dans ses intérêts, l’équité du sénat : « Si Persée avait l’avantage et si Carthage était privée de la protection romaine, rien n’empêcherait plus Masinissa de conquérir l’Afrique entière. » (Tite-Live, XLII, xxix.)
  2. Tite-Live, XLV, xiii.
  3. Tite-Live, XLV, xlii.
  4. Tite-Live, XLV, xliv.