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Achéenne, dont la fidélité avait paru chancelante, près de mille des principaux citoyens, coupables ou suspects d’avoir favorisé les Macédoniens, furent envoyés à Rome comme otages[1].


Modification de la politique romaine.

XI. En portant ses armes victorieuses sur presque tout le littoral de la Méditerranée, la République avait jusqu’alors obéi à des nécessités légitimes et à de généreuses inspirations. Le soin de sa grandeur future, de son existence même, lui faisait une loi de disputer l’empire de la mer à Carthage : de là les guerres dont la Sicile, la Sardaigne, l’Espagne, l’Italie et l’Afrique devinrent tour à tour le théâtre. Ce fut aussi un devoir pour elle de combattre les peuples belliqueux de la Cisalpine, puisqu’il s’agissait de la sûreté de ses frontières. Quant aux expéditions de Macédoine et d’Asie, Rome y avait été entraînée par la conduite des rois étrangers violant les traités, tramant de coupables complots et attaquant ses alliés.

Vaincre était donc pour elle une obligation, sous peine de voir s’écrouler l’édifice élevé au prix de tant de sacrifices ; et, ce qui est remarquable, elle s’était montrée, après la victoire, magnifique envers ses alliés, clémente à l’égard des vaincus, modérée dans ses prétentions. Laissant aux rois tout l’éclat du trône, aux nations leurs lois et leurs libertés, elle n’avait encore réduit en provinces romaines qu’une partie de l’Espagne, la Sicile, la Sardaigne et la Gaule cisalpine. En Sicile, elle conserva pendant cinquante ans l’alliance la plus intime avec Hiéron, tyran de Syracuse. Le constant appui de ce prince avait dû prouver au sénat combien les alliances sûres étaient préférables à une domination directe. En Espagne, elle agrandit le territoire de tous les chefs qui consentirent à devenir ses alliés. Après la

  1. Polybe, XXX, x ; XXXV, vi.